La « révolution » du Sun Casino
Longtemps dans l’ombre du Casino de Monte-Carlo, l’établissement de jeux a fait peau neuve. Plus moderne et ouvert, il tend à raviver son identité et capter une nouvelle clientèle
Fond sonore ininterrompu. Rencontres sportives en boucle sur les écrans. Moquette rouge parsemée de tapis de jeux verts. Murs et plafonds épurés. Grands lustres. Machines à sous dernier cri aux fauteuils ultra-confort… Espace cosy sans repèretemporel, le Sun Casinoa délaissé sa décoration de cirque, devenue obsolète après quinze ans de bons et loyaux services. Une bouffée d’oxygènepour les clients, à encroire la cohue lorsdes fêtes de Noël et le 31 décembre, mais pas que… Familier des lieux depuis vingt-cinq ans (lire ci-contre), le directeur Christian Barilaro revit. « Tous mes prédécesseurs ont envisagé des travaux et sont allés très loin mais, pour des raisons budgétaires, le conseil d’administration ne donnait jamais son aval au dernier moment. » Alors qu’il convient dès sa nominationde l’urgence d’unchangement de moquette, avec le directeur des Jeux de la Société des Bains de Mer (SBM), Christian Barilarobénéficie d’un geste inespéré. Un chèque de prèsde2 millions d’eurospouroffrir un lifting au lieu! Le directeur des travaux, Daniel Lambrecht, d’optimiser l’enveloppe en réhabilitant, par exemple, certaines tables de jeux. Un cadre de travail métamorphosé… comme les esprits.
« Besoin d’être considéré comme les autres »
« On a souffert pendant vingt-cinq ans! Il y avait surtout un impact psychologique au niveau des salariés. Ils avaient besoin que le Sun Casino soit considéré comme un établissement à part entière de la SBM. On voyait des travaux dans les autres établissements mais nous, malgré les demandes, on recevait toujours un refus… » Le « vilain petit canard » fait aujourd’hui figured’ambitieux labora- toire dans la stratégie globale de reconquête des casinos monégasques. Une offre complémentaire, pas concurrente. Même avec l’abolition récente du principe d’exclusivité des jeux, le craps – ADN du Sun – reste chasse gardée. Uncas unique « entre Gênes et Marseille » . Une offre identitaireà laquelle des formes de jeux modernes se greffent doucement dans l’optique de capter une nouvelle clientèle plus jeune et internationale. Cher aux Asiatiques, lepunto bancoaainsi fait son apparition et, d’ici dix jours, un blackjakprogressif devrait compléter le catalogue. Autre bon coup réalisé par le Sun, la signature d’un partenariat avec l’entreprise bulgareEGT. « Ils ont décidé de mettre tous leurs produits sous forme de showroom. Les prospects potentiels de leur société viennentàMonaco voir ce qui se fait de mieux et, nous, on bénéficie d’une gratuité sur la mise en place des machines. On prend les recettes pendant dix-huit mois » , étaye Barilaro. Desmachines à lapriseenmain facile à tout âge et associéesàdes séries TV en vogue. Idéal pour conquérir la jeunesse.
« Glamour de MonteCarlo, fun de Las Vegas »
« La stratégie de Pascal Camia est claire. Quand un client vient dans un de nos casinos, il veut vivre une histoire. Une expérience un peu similaireàcequ’il pourrait vivre au LouisXV. Il sait qu’il va payer cher, qu’il est dans un 3-étoiles du Michelin, et que les équipes vont lui raconter quelque chose. » Le voyage promis au Sun Casino? « Leglamour de Monte-Carlo et le fun de Las Vegas. » En jeu, la réputation d’une locomotive historique de la Principauté. « Dans l’industrie des casinos, Monte-Carlo est une réfé- rence avec Las Vegas et Macao. En revanche, la réputation n’est absolument pas corrélée par la masse du chiffre d’affaires » , recontextualise Barilaro qui, pour regagner les coeurs et les portefeuilles, se tient à un leitmotiv. « Accueil, accueil et encore accueil. Sourire, prise en compte, respect, services. J’ai une équipe de public relation. À quatre, ils parlent 10 langues. C’est très important. » Ouvertde14h à 4 h (voire plus) tous les jours, le Sun Casino tourne grâceàune cinquantaine de personnes et nourrit de grands espoirs désormais affichés surFacebook et bientôt Instagram. Un marketing digital sans frontières. « Il n’y a pas d’exclusion. On reçoit les gros joueurs qui perdent plusieurs millions comme le tout-venant. Notre force est d’avoir une histoire. Parfois complexe, mais quiapermis de créer unesprit de famille et de corps. »