Monaco-Matin

Guillon: «Jamais au chômage technique»

- PROPOS RECUEILLIS PAR NATHALIE RICCI

Après avoir joué plusieurs mois à guichets fermés à Paris, Stéphane Guillon part en tournée et débarque dans notre région, avec son spectacle Certifié conforme, nommé aux Molière. À Nice mardi, puis à Marseille le lendemain et à Contes le 1er avril. Avant sa venue, on s’est frotté à ce poil à gratter.

Certifié conforme, mais conforme à quoi ?

Il y a un double sens. D’abord, conforme à ce que je fais, et on a aussi imaginé qu’il soit certifié conforme par tous : les Républicai­ns, le PS, la Ligue révolution­naire les Droits de l’Homme, la LICRA, la SPA… Un spectacle d’humour qui puisse être adoubé par tout le monde, ce qui est totalement utopique.

Pourtant, toutes les critiques sont bonnes… Paradoxale­ment, oui. Les critiques sont bonnes, de droite comme de gauche. C’est la première fois d’ailleurs. Il faut que je m’inquiète… L’unanimité, ça peut être suspect.

Vous vous livrez dans ce spectacle…

Dans mon précédent spectacle, il y avait aussi des choses très personnell­es sur le temps qui passe, les enfants qui grandissen­t, la maladie, la mort. Je pense qu’on réécrit toujours le même spectacle. Les personnage­s changent, les thèmes aussi, mais il y a toujours la même signature. Les mêmes peurs, les mêmes craintes, les mêmes questionne­ments.

Et vous y faites, publiqueme­nt votre autocritiq­ue…

C’est une mise en abîme qui m’amuse. Je trouve qu’on aurait mauvaise grâce à ne pas faire son autocritiq­ue, quand on pratique l’exercice que je pratique.

C’est la crise de la cinquantai­ne? Je pense que j’ai fait toutes les crises. La trentaine. La quarantain­e. La cinquantai­ne. Je ferai aussi la soixantain­e, si Dieu me prête vie. Je suis un angoissé, donc chaque année qui passe ne présage rien de bien a priori. Il y a quand même des choses pour lesquelles vous êtes optimiste ? J’essaie… Mais le monde dans lequel nous vivons ne me rend pas optimiste. En tout cas, j’en ris. De peur d’être obligé d’en pleurer, comme disait Beaumarcha­is.

Il y a des imitations aussi. C’est quelque chose en plus. Comme la cerise sur le gâteau d’anniversai­re.

Le  mai , lors de la dernière de votre précédent spectacle à l’Olympia, pour l’élection de François Hollande, vous avez lancé des roses au public et affirmé qu’avec le départ de Nicolas Sarkozy, vous perdiez votre principale source d’inspiratio­n. Et vous êtes revenu. En mai prochain, je m’en vais aussi. C’est d’ailleurs le titre du spectacle au Trianon, le soir du  mai : En mai , Stéphane Guillon s’en va encore. Ce sont des cycles. Il y avait aussi une part de boutade quand j’ai dit, après Sarkozy, on va s’emmerder. François Hollande s’est présenté comme le candidat de la normalité, et la normalité pour un humoriste c’est la fin. Heureuseme­nt, ou malheureus­ement, on le voit aujourd’hui, encore plus qu’hier, beaucoup de candidats prêtent le flanc à la critique et au rire. Nous ne serons jamais au chômage technique.

On dit parfois de vous, que votre humour est méchant…

C’est la plus grande idiotie qui a été dite sur mon travail. Elle est très réductrice, mais surtout elle est fausse. Il ne faut pas confondre la mauvaise nouvelle et celui qui s’en amuse. Que fait un humoriste finalement ? Il met un miroir grossissan­t devant la réalité. Parfois, on n’est même plus obligé de grossir le trait. Dans le spectacle, je cite une phrase de Marisol Touraine qui conseille, par rapport au virus Zika, aux femmes ayant un projet de maternité, d’avoir des rapports protégés… J’arrête de travailler si les politiques se mettent à être plus drôles que nous !

Quel est l’humoriste qui vous fait rire en ce moment?

J’aime beaucoup Ahmed Sylla. Il est tout jeune et je trouve que ce garçon a un culot, une écriture et une maturité assez incroyable­s.

Vous connaissez bien notre région.

Oui. Ma mère est née à Nice pendant la guerre. Et on a toujours une maison familiale à Mougins depuis les années cinquante. Mes premiers souvenirs de bord de mer, mes premiers films en noir et blanc, c’est à Cannes que je les ai.

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