Carnaval : l’énergie s’est consumée en beauté
Drôle de drame pour le final de la monarchie nissarde. Une bataille de fleurs exceptionnelle, un corso nocturne éblouissant, du monde à gogo et le salut du roi dans un feu de joie...
Fin du règne dans les flammes emportant tous nos maux, tous nos miasmes, toutes nos rancoeurs. Hier soir, le Roi de l’Energie a fait sauter la centrale nucléaire sur laquelle il trônait depuis quinze jours. Quinze jours de chaos, étape informe et incontournable, pour que règne à nouveau le cosmos. L’univers dans l’uniforme de l’harmonie. Carnaval a rempli son rôle expiatoire après un dernier jour de désordre, de vitalité jouissive, de cacophonie. L’après-midi, les fleurs. Le soir, le gigantisme. Rêverie et cocasserie au pays du sourire d’azur. Où on avait décrété, qu’il y aurait la fête. Elle a bien eu lieu, même si, au niveau de la fréquentation, le solaire monarque y a laissé quelques plumes. «On les emmerde», avait dit, en préambule et à l’attention d’éventuels empêcheurs de carnavaler en rond, le directeur général de l’Office de tourisme et des congrès, qui a organisé, tête haute, mais baissée pour faire fi des obstacles, cette procession vers la résilience à la Niçoise. Mission accomplie. Avec un ultime tour de piste, hier. Faisant se succéder, devant plus de 14000 spectateurs le jour et au moins 15 000, la nuit, une clique spéciale. Vernisseurs et leurs 200 km de serpentins par sortie, poupées de chiffon géantes sur roues, chimères gonflables, Nice la Belle portant haut les couleurs locales bigarrées comme des berlingots de satin, ours blancs lumineux, tambours dansants... Intermèdes ludiques, inédits, étranges des chars, dépouillés dès le second tour de leurs fleurs. Trouvant une autre place, palpitante, sur les coeurs des spectateurs conquis par ce déluge floral.
Fait du Prince !
Et puis, le soir, à l’issue du défilé de l’Adieu, direction le bûcher. Pour voir le roi emporter dans son brasier purificateur tous les malheurs du monde. On espérait alors connaître le thème du défilé 2018. Que nenni ! Même éclipsée, Son Altesse a décidé qu’elle communiquerait sur son prochain règne et sur le bilan, qu’en fin de semaine prochaine. Encore un caprice régalien ! N’empêche qu’en brûlant le roi factice, concentré de l’énergie primitive, on a réenclenché le temps, où se rejoue le drame, ou la comédie, d’une société entièrement revivifiée et restaurée. Et qui relance le printemps...