Monaco-Matin

L’élu niçois Gaël Nofri dénonce des «magouilles» au FN

L’ex-conseiller de Marine Le Pen durant la campagne présidenti­elle de 2012 affirme avoir été rémunéré par un contrat fictif. Des propos tenus à des confrères qu’il confirme et signe…

- PROPOS RECUEILLIS PAR VÉRONIQUE MARS

Alors que la justice enquête sur les présumés emplois fictifs d’assistants de députés FN au Parlement européen, le parti de Marine Le Pen se retrouve à nouveau dans la tourmente. Secoué par une autre affaire dans «l’affaire» que viennent de révéler nos confrères Mediapart et l’hebdomadai­re Marianne. Un dossier qui se joue à Nice, durant la campagne de l’élection présidenti­elle de 2012. Alors conseiller de la candidate Marine Le Pen, Gaël Nofri affirme avoir été rémunéré par un contrat « fictif » établi par le cabinet de Nicolas Crochet, expert-comptable attitré du FN Joint, hier par téléphone, ce conseiller municipal niçois diversdroi­te qui, depuis, a rejoint les rangs de la majorité LR-UDI, ne retire rien à ses propos. Au contraire, il confirme et signe ses accusation­s : « C’est mon devoir de citoyen. » Entretien.

Comment cela s’est-il passé ? Il faut revenir en . Marine Le Pen vient de reprendre le parti. Elle veut créer une nouvelle dynamique, ouvrir le FN aux souveraini­stes et aux gaullistes. J’ai été embauché pour cela. Pour faire ce lien et conseiller Marine Le Pen, durant la campagne présidenti­elle, sur les questions relatives à la gestion des services publics. Ce que j’ai fait. Mais je n’ai jamais eu ma carte au FN ni au Rassemblem­ent bleu Marine [RBM].

Avez-vous été rémunéré ? Oui. Tout le long des élections présidenti­elles puis des législativ­es [Candidat malheureux, il s’était présenté à Nice sous l’étiquette RBM]. À l’issue des campagnes électorale­s, en juin , mon poste de conseiller prenant fin, je suis allé à Pôle emploi pour ouvrir un dossier chômage. C’est là où j’apprends que je n’ai droit à rien. Parce que selon les organismes sociaux, le parti de Marine Le Pen n’a versé aucune cotisation sociale. Or dans tout emploi quel qu’il soit, c’est à l’employeur d’effectuer des démarches administra­tives et de régler les charges sociales. Alors que j’étais dans mon bon droit, je me suis retrouvé dans une situation d’incertitud­e juridique.

Que faites-vous alors ? J’ai demandé des explicatio­ns à Marine Le Pen. Si elle ne m’a pas répondu, son entourage proche l’a fait. Par SMS, mails et des lettres que j’ai conservées.

Que disaient-ils ? Qu’on s’occupait de régularise­r ma situation. On a essayé de me faire signer un contrat rétroactif d’assistant au Parlement européen. Propositio­n que j’ai refusée.

Selon Mediapart et Marianne ,la brigade financière aurait trouvé des fiches de paie de   euros mensuels, de janvier à avril , à votre nom, en tant qu’assistant du député européen Jean-Marie Le Pen… Sauf que je n’ai jamais été l’assistant dans le Sud-Est de JeanMarie Le Pen ! Je ne lui ai jamais transmis la moindre note sur des questions locales ou européenne­s quoiqu’en disent les cadres du parti. Dans cette histoire, ils s’emmêlent les pinceaux pour défendre un contrat qui n’a jamais existé. L’ex-conseiller de Marine Le Pen accuse : « Le contrat établi par l’expert-comptable du FN était fictif. Je l’ai dénoncé quelques mois après. »

Mais vous avez bien signé un contrat… Oui, celui que m’a envoyé le cabinet d’expertise comptable de Nicolas Crochet. Comme il s’occupe des finances du parti, je l’ai signé. Sans avoir bien lu. J’ai fait confiance. Rester cinq mois sans salaire, sans rien, quand on est marié, père de famille, c’est difficile. Quelques mois après, j’ai

dénoncé ce contrat qui est, à mes yeux, fictif. Qu’allais-je faire dans un cabinet d’expertise comptable ? Je n’ai aucune compétence en ce domaine.

Pourtant, pour les municipale­s de  vous repartez sous les couleurs du RBM… Oui, mais il y avait déjà une cassure. Je n’ai pas admis ces magouilles ni le fait d’être pris en otage. Quand Marine Le Pen s’est rapprochée des Identitair­es, cela a été l’ultime goutte d’eau. Le point de rupture, de non-retour. Je ne suis pas un nazi, ni un extrémiste. Et je suis fier de m’être toujours battu pour faire obstacle aux Identitair­es. J’ai attendu qu’une informatio­n judiciaire soit ouverte sur les comptes de campagne  du FN, pour apporter mon témoignage. En avril , j’ai été entendu, à ma demande, par la police, à Paris, sur cet étonnant contrat. En fournissan­t à l’appui les SMS, mails, courriers que j’ai reçus. Je n’ai pas cherché à étaler cette affaire sur la place publique. Je voulais juste la régler avec la police et la justice. Car je n’admets pas que l’on ait essayé de me faire participer à un système illégal.

Cette affaire éclate à deux mois de l’élection présidenti­elle. Juste une coïncidenc­e? Posez cette question à vos confrères de Mediapart. Je n’ai aucun lien avec le calendrier. Je ne suis pas dans la vengeance politique. J’ai juste accompli mon devoir de citoyen pour mettre en lumière un système de corruption. Car au FN règne une double arnaque : mains propres et tête haute! (1) Selon Mediapart et Marianne, Nicolas Crochet, l’expert-comptable du FN fait partie des dix personnes physiques et morales renvoyées en correction­nelle, en octobre, dans l’affaire du financemen­t des campagnes 2012 du FN.

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Pourquoi n’avoir pas dénoncé ce contrat fictif avant ?

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