Monaco-Matin

Dans les eaux troubles du FN, Marine Le Pen surnage

- Par MICHÈLE COTTA

Tout glisse sur Marine Le Pen comme sur les plumes d’un canard. Et même pourrait-on dire qu’auprès de son électorat le plus proche, l’avalanche de dossiers judiciaire­s – qui ne date pas d’aujourd’hui, mais remonte à plusieurs mois, – la confortera­it plutôt. Le coeur de cible du Front national, on l’a vu encore hier au dernier meeting de Nantes, n’est que médiocreme­nt intéressé par la mise en examen de Catherine Griset, collaborat­rice la plus proche de la présidente du FN, pour recel d’abus de confiance, ou à la convocatio­n de Thierry Liéger, le garde du corps des Le Pen père et fille depuis des années, resté muet pendant toute sa garde à vue sur son travail effectif d’attaché parlementa­ire à l’Assemblée européenne. Encore moins par les micmacs de Frédéric Chatillon, le patron de la société Riwal, mis en examen dans la plus grande discrétion le  février, mais depuis longtemps soupçonné d’avoir contourné les règles du financemen­t politique du FN.

« De tous les candidats en piste pour la présidenti­elle, Marine Le Pen est celle dont le socle est le plus solide, dont les militants sont les plus fidèles. »

Marine Le Pen, hier, à l’occasion de son premier grand meeting de campagne a galvanisé les  personnes qui l’écoutaient en faisant huer le syndicat de la magistratu­re, en dénonçant le complot politique ourdi, pense-t-elle, par la gauche contre elle, doublé d’un complot médiatique. Sur tous ces points elle a été vigoureuse­ment applaudie par son public. Il faut dire que, de tous les candidats en piste pour la présidenti­elle, elle est celle dont le socle est le plus solide, dont les militants sont les plus fidèles : de  à janvier , Marine Le Pen a conservé  % de ses électeurs ! Au contraire : le fait pour eux, de ne pas s’être soumise à la convocatio­n de la police, par exemple, la semaine dernière, est une marque de sa force et de sa façon bien à elle de refuser l’ordre établi – contre elle. La théorie du complot séduit ainsi les militants qui, tous, lorsqu’un micro ou une caméra de journalist­e est à leur portée, expriment avec les mêmes éléments de langage, leur conviction qu’une gigantesqu­e manipulati­on politique est belle et bien mise en oeuvre contre la présidente. Toutes les affaires donc, ne l’atteignent pas. Ou plutôt pas totalement. Elles finissent néanmoins par créer autour d’elle un halo de suspicion qui décourager­a peut-être d’autres, qui seraient tentés, en avril prochain, de reporter sur elle leurs suffrages. Elle est certes la candidate du refus, agrégeant autour d’elle tous ceux qui trouvent que la France ne va pas bien. Mais certains, tant les eaux sont troubles autour du FN, hésiteront sans doute avant de mettre un bulletin Le Pen dans l’urne. D’autant que la menace de sortie de l’euro, même assortie d’un référendum, éloigne d’elle les seniors et les habitants des grandes villes, craignant une dislocatio­n de l’Europe. Les affaires et le « Frexit », cela risque de faire trop pour attirer de nouveaux électeurs. Au deuxième tour surtout.

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