Les deux font le mur
Infranchissable samedi en Bretagne, la paire Kamil Glik-Jemerson a dégoûté les Guingampais. Le binôme a confirmé qu’il était bel et bien indispensable à l’ASM
Ils sont encore dans le vestiaire, il y a de la musique ». Samedi, en zone mixte du Roudourou, un intendant de l’EAG donnait des nouvelles des Monégasques peu de temps après la rencontre. On imagine alors Glik et Jemerson balancer du Edith Piaf dans les oreilles des coéquipiers. « Écrasés l’un contre l’autre nous ne formons qu’un seul corps » peut-on entendre dans « La Foule ». Une phrase qui résume plutôt bien l’entente brésilopolonaise. L’an dernier, Monaco avait encaissé 50 buts en Ligue 1 ce qui avait mis à mal ses ambitions nationales. Cet été, la majorité des recrues étaient défensives avec deux latéraux-attaquants (Sidibé et Mendy) et une nouvelle charnière (Glik associé à Jemerson, ce dernier est arrivé en janvier 2016). Après des ajustements nécessaires, le Brésilien qui n’a jamais vu la neige forme depuis une paire redoutable avec le Polonais, né dans une région où le thermomètre descend parfois dans le négatif. Les rôles sont parfaitement répartis : Glik repousse, Jemerson relance. Au Roudourou, les deux compères se sont retrouvés et Monaco a parfaitement contenu les assauts adverses.
Chacun dans son rôle. L’alignement, c’est Glik. Habitué à l’école italienne (il a évolué six ans en Serie A), l’ancien capitaine du Torino s’est amusé à plusieurs reprises à mettre les Bretons hors-jeu (six fois). Tout un art. Quant au Brésilien, il a récupéré un nombre très élevé de ballons tout en coupant tous les centres. « On est tombé sur une défense très hermétique. Que ce soit Glik
ou Jemerson, c’est difficile de les mettre en défaut », analysait le Guingampais Jimmy Briand après le match. «On était en face d’un mur » pousse même Antoine Kombouaré. Au vrai, à l’exception du match à Nice (0-4), ce duo n’a jamais sombré. Et la suspension de Jemerson à l’Etihad Stadium n’est sans doute pas étrangère aux cinq buts encaissés. Mauvaise nouvelle, c’est le Polonais qui manquera le
retour. Défier Josep Guardiola sur deux matches sans pouvoir aligner une seule fois sa charnière type laissera, quoi qu’il arrive, un goût amer en bouche. D’autant que Kamil Glik a apporté tout ce que Ricardo Carvalho et ses 38 printemps ne pouvaient plus amener : des buts (déjà 7 toutes compétitions confondues), cette faculté de défendre en reculant et une bonne dose d’intimidation. Sans occulter le fait que Glik rend bon son partenaire.
Kamil Glik, recrue inhabituelle
« Quand vous jouez à ses côtés, tout est plus facile » lançait le jeune Abdou Diallo après le match de Coupe de France à Chambly. D’aucuns doutaient de Jemerson, surnommé « Blackenbauer » au pays, mais avec Glik, le Brésilien répète ses gammes et prend de l’assurance. Le binôme est jeune : Glik vient d’avoir 29 ans, Jemerson file sur ses 25. Il est encore trop tôt pour parler de charnière de niveau internationale mais en Ligue 1, à l’exception du duo Thiago Silva-Marquinhos, difficile de trouver meilleure association. Noyés dans une équipe ultra-offensive (113 buts marqués cette saison), les deux défenseurs centraux prennent peu la lumière. Pourtant, Kamil Glik est l’avatar parfait du recrutement monégasque réussi, d’autant qu’il ne répond à aucun standard. Habituellement, l’ASM mise sur des jeunes à fort potentiel avec une idée de plus-value. Glik, jouer expérimenté, a été recruté à un prix très correct (8 millions d’euros) à 28 ans. Le garçon ne partira jamais pour des sommes folles et son profil n’attire pas les grosses bourses. C’est donc pour stabiliser dans la durée que l’ASM a déniché l’international polonais. En s’offrant Glik, Monaco s’est doté d’un chaperon pour Jemerson. Sept mois plus tard, voilà Monaco pourvu en défense centrale pour un bon moment. Guingamp n’est pas la première équipe à se casser les dents sur le mur. Ni la dernière.