Monaco-Matin

TOURNOI DES VI NATIONS JOURNÉE) / APRÈS LA DÉFAITE DES BLEUS EN IRLANDE Le temps des questions

Au lieu d’avoir constitué le « match référence » après lequel court le XV de France, la défaite en Irlande samedi (9-19) est venue souligner le long chemin restant à parcourir pour rivaliser au très haut niveau

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Régression ou stagnation ?

La déception est à la hauteur des attentes et surtout du contenu proposé. Les Bleus « espéraient faire quelque chose » à l’Aviva Stadium, a expliqué l’entraîneur des arrières JeanFrédér­ic Dubois, après « s’être préparés comme jamais », dixit le sélectionn­eur Guy Novès, pendant plus d’une semaine à Nice. Mais ils n’ont pas existé, contrairem­ent aux précédents rendez-vous avec les autres nations majeures, la NouvelleZé­lande (19-24) et l’Australie (23-25) en novembre, et l’Angleterre (16-19) en ouverture du Tournoi. Et alors que Dubois, comme Novès, «n’a rien à reprocher aux mecs sur leur investisse­ment »... Ce revers constitue donc sinon une régression, du moins un net coup d’arrêt dans leur progressio­n, plutôt linéaire depuis l’arrivée aux commandes de Novès. « Il nous manque beaucoup de choses pour rivaliser avec les meilleurs Européens. On va redoubler d’humilité, on est à notre place, 8e nation mondiale (au classement lundi)», a reconnu Yoann Maestri.

Virage à prendre

Ce coup d’arrêt se double d’un coup de barre : pour la première fois, Novès a clairement évoqué la nécessité de faire « un peu évoluer notre projet de jeu pour nous adapter à ce niveau ». Alors qu’il avait jusque-là répété que les Bleus resteraien­t fidèles au style emprunté. A l’image de Spedding, en difficulté sur les chandelles irlandaise­s, les Français sont passés à côté d’un match où ils espéraient beaucoup.

Un projet de jeu basé sur le mouvement, la circulatio­n du ballon et des hommes et tourné vers le grand large, à rebours de celui pratiqué sous le mandat de son prédécesse­ur, Philippe Saint-André. Auquel il convient donc d’ajouter une bonne dose de pragmatism­e. Car il a montré ses limites face cette Irlande ultra précise et intelligen­te, proposant des choses simples mais très efficaces. Bref, une équipe mûre et sûre de ses forces, à l’inverse du XV de France en reconstruc­tion. Lequel s’est perdu dans un jeu de passes

souvent stériles, surtout dans son camp, n’utilisant que trop peu le jeu au pied et manquant d’alternance. Alors, virage à 180 degrés, au tour des grands coups de pieds, fini les passes aprèsconta­ct? C’est aller un peu trop loin. Mais selon l’entraîneur des avants Yannick Bru, maintenant que sont «acquis » les « repères communs en attaque » et dans la « circulatio­n offensive », place au deuxième étage de la fusée. « C’est vrai que ce match va nous amener à une réflexion sur l’alternance dans notre jeu. Quand on sent qu’on est en

échec, il faut faire souffler l’équipe, la faire avancer plus simplement par du jeu au pied de pression », a ainsi déclaré Bru. Avant d’immédiatem­ent ajouter : « Ce n’est pas pour autant qu’on va renier ce qu’on a mis en place.»

Contrats fédéraux sur six mois ?

Pour que le XV de France retrouve sa place en haut de la hiérarchie mondiale, le président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte a lui souhaité hier placer, d’ici deux à trois ans, 40 internatio­naux sous contrat fédéral pendant six mois, précisant un engagement de sa campagne pour la présidence, remportée le 3 décembre. « Il faut que les joueurs soient beaucoup plus en préparatio­n et en récupérati­on que ce qu’ils ne le sont aujourd’hui », a justifié l’ancien sélectionn­eur des Bleus (2000-2007), qui va engager en ce sens des négociatio­ns avec les clubs « instantané­ment ».

Limiter la casse

L’hypothétiq­ue victoire finale dans le Tournoi envolée, les Bleus se déplaceron­t désormais en Italie le 11 mars puis recevront le pays de Galles une semaine plus tard. Pour sauver les meubles et finir avec un bilan positif, mais également éviter de glisser au-delà du 8e rang mondial pour s’épargner un « groupe de la mort » lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2019 au Japon, le 10 mai. Ce qui pourrait être le cas en cas de revers face aux Gallois. Avant, il y aura la préparatio­n sous pression du voyage à Rome, où Charles Ollivon devrait remplacer en 3e ligne Bernard Le Roux, passé au travers pour son retour après un an d’absence. Scott Spedding, qui s’est noyé sous les chandelles irlandaise­s, semble lui menacé à l’arrière par Brice Dulin ou Djibril Camara. Ce n’est cependant pas sur le choix des hommes que Novès devrait le plus cogiter. Davantage sur les ajustement­s nécessaire­s dans le jeu face aux Italiens.

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