Monaco-Matin

Prescripti­on : un locataire n’est pas un consommate­ur

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La Cour de cassation vient, une nouvelle fois, de mettre les pendules à l’heure dans un domaine clé de la procédure civile : la prescripti­on. En effet, dans le cadre d’un bail d’habitation principale, le propriétai­re dispose de trois ans pour saisir la justice s’il n’est pas payé par son locataire alors que le Code de la consommati­on énonce que la prescripti­on est de deux ans pour les profession­nels réclamant un paiement à un consommate­ur. Peuton, dès lors, assimiler un locataire à un consommate­ur ? La Cour de cassation vient de répondre par la négative (1) car le locataire d’un bailleur profession­nel ou institutio­nnel n’est pas un « consommate­ur » et ne peut bénéficier de la protection du droit de la consommati­on. Il n’est seulement soumis qu’à loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs, qui réglemente les relations entre locataires et propriétai­res soulignent les sages du quai de l’Horloge.

Les faits. – La Cour de cassation était appelée à se prononcer sur la durée de la prescripti­on pour le recouvreme­nt d’une créance «au titre des réparation­s locatives et d’un solde de loyer ». Le procès opposait un bailleur social à un ancien locataire. Ce dernier refusait de payer en faisant valoir qu’il était bénéficiai­re d’un service rendu par un profession­nel et se retranchai­t derrière l’article L 1372 du Code de la consommati­on : « L’action des profession­nels, pour les biens ou les services qu’ils fournissen­t aux consommate­urs, se prescrit par deux ans. » Mais le propriétai­re, lui, ne l’entendait pas de cette oreille et réclamait l’applicatio­n de l’article 7-1 alinéa 1 de la loi du 6 juillet 1989 : « Toutes actions dérivant d’un contrat de bail

sont prescrites par trois ans à compter du jour où le titulaire d’un droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant d’exercer ce droit. »

La décision. – Pour la plus haute juridictio­n de l’Hexagone, la loi du 6 juillet 1989 déroge au principe énoncé par le Code de la consommati­on, donnant ainsi raison au bailleur. La Cour de cassation a donc cassé le jugement rendu en dernier ressort par le tribunal d’instance de Montargis le 7 septembre 2015.

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(Photo Eric Dulière) On ne doit pas confondre locataire et consommate­ur. Le statut du premier est encadré par la loi du  juillet  tandis que le second relève du Code de la consommati­on.

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