Marcel Ravin, chef étoilé au Fourneau économique
Pour la deuxième année, le chef du palace Monte-Carlo Bay a investi les cuisines de cette association humanitaire niçoise pour servir un repas de fête à plus de deux cents convives
Au Fourneau économique, quartier Barla à Nice, il y avait foule, samedi midi. Beaucoup d’hommes seuls et des femmes, la cinquantaine avancée, la mine épuisée. Aux prises avec un quotidien de galère, tous sont venus se ressourcer à la table de cette association humanitaire tenue par soeur Anne-Marie, autour d’un repas royal. Celui concocté par Marcel Ravin, chef étoilé au MonteCarlo Bay resort, à Monaco. Pour la deuxième année consécutive, ce chef toqué originaire de Martinique, épris de saveurs antillaises et de solidarité, a dit « oui ». Oui à l’initiative montée par l’association monégasque Solidarpole afin de cuisiner pour les plus démunis. De remplacer, le temps d’un déjeuner, les quarante-cinq bénévoles qui font tourner le Fourneau économique, afin de servir du « bonheur dans les assiettes » à ceux qui ont faim.
Déjeuner aux petits oignons
Dès 8 h 45, Marcel Ravin, casquette de cuir vissée sur la tête et sourire d’ange, a débarqué, rue Badat, les bras chargés de victuailles. Entouré de sa « Bay be green
team », équipe de salariés de l’hôtel, volontaires dans cette action de partage, ce chef qui a décroché, en 2015, une étoile au Guide Michelin, a investi les fourneaux du Fourneau. Pour concocter un déjeuner de fête aux saveurs caribéennes. Au menu : lotte à l’antillaise ou blanquette de veau « façon
Marcel » avec riz créole mitonné aux légumes et petits oignons, accompagné d’une quiche aux champignons de Paris, velouté de potiron en entrées et poire belle-Hélène, en dessert. Tout ça était à réaliser en trois heures chrono pour plus de 200 convives. Un sacré boulot ! « J’ai mis tout le monde en cuisine : les bénévoles du Fourneau économique, les membres de mon équipe. Même le directeur général du Monte-Carlo Bay, Frédéric Darnet, m’a donné un coup de main pour réaliser ce déjeuner équilibré en forme de petit rayon de soleil. »
« J’aime les gens ! »
Du soleil, Marcel en apporte sur son île, en Martinique. Pour enseigner la cuisine à des jeunes, leur donner l’envie et les moyens de réaliser leurs rêves. À Nice, aussi, en prenant
pour la deuxième fois les commandes du Fourneau économique pour ce temps
de partage gourmand. « Et ce ne sera pas le dernier! Tant que je peux le faire, je le ferai avec plaisir. Car j’aime les gens, quelle que soit leur condition. J’aime leur donner du bonheur. C’est cela, la cuisine : un métier de partage que m’a transmis ma grand-mère en m’apprenant à aimer l’autre. » En servant ce déjeuner solidaire et gourmet à plus de deux cents convives, Marcel n’attendait nul merci. Lui, était aux anges. Radieux. « Voir ces personnes sourire, leur regard briller, pétiller, c’est cela ma récompense ! »