Monaco-Matin

Marion Maréchal-Le Pen : “Marine parle au-delà de son propre camp”

- PROPOS RECUEILLIS PAR KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr

Plus discrète sur le devant de la scène politicomé­diatique depuis ses prises de position sur l’IVG, Marion Maréchal-Le Pen revient dans la lumière, ce soir, en participan­t au premier grand meeting de la campagne présidenti­elle à Bandol (Var). L’occasion pour la jeune femme de rappeler le programme et les engagement­s portés par sa tante, Marine Le Pen « Au nom du peuple ». Entretien.

Macron, qui vient de présenter son programme, a clairement fait du FN son adversaire. L’est-il pour le FN? Marine Le Pen a la quasi-certitude d’être au second tour de la présidenti­elle, ce qui n’est absolument pas garanti pour lui puisque, à la lecture des études d’opinion, on constate qu’une partie de son électorat est extrêmemen­t volatile… Mais il n’est pas plus notre adversaire qu’un autre. La seule différence avec lui, c’est que le clivage est net : on a face à nous un mondialist­e, quelqu’un qui considère que la nation est un échelon désuet, qu’il faut abolir les frontières humaines et économique­s, etc. Au moins de ce point de vue-là avec lui, le débat sera clair et le choix doctrinal tout autant !

Que vous inspire la décision de François Fillon de se maintenir coûte que coûte ? De mon point de vue, la droite est aujourd’hui dans une impasse avec soit un candidat – François Fillon – totalement décrédibil­isé, pas seulement par le contexte mais aussi par son bilan et son projet ; soit un candidat illégitime puisqu’il n’aura pas été choisi par la primaire. Marine Le Pen a refusé de se présenter à une convocatio­n. Êtes-vous favorable à une trêve judiciaire ? Marine Le Pen ne se soustraira pas à la justice, elle y répondra après la campagne. Rappelons tout de même le fond de cette affaire : il s’agit du statut administra­tif du contrat de l’assistant de Marine Le Pen en  ; par ailleurs cette affaire a maintenant deux ans et tout le monde peut s’interroger sur la précipitat­ion judiciaire dans ce dossier ces dernières semaines alors qu’il a déjà deux ans. L’idée n’est pas de se soustraire à la justice mais la justice n’a pas, pour des raisons partisanes, à parasiter la campagne et empêcher les candidats à la présidenti­elle de s’exprimer sur le fond. Elle répondra à la justice en temps et en heure et je suis convaincue, devant les faits, que la justice lui donnera raison. Quand vous regardez le parcours de cet élu, le doute est permis sur la fiabilité de ses propos. Et puis, j’ajoute que ce monsieur déclare à qui veut l’entendre qu’il est le père de ma fille alors vous voyez… C’est, une fois de plus, la démonstrat­ion de l’absence totale d’objectivit­é du Parlement européen car, pour les mêmes faits, Gilbert Collard n’a pas été inquiété par le Parlement français. On est là face à une instance qui cherche à nuire à tout prix, sans aucune considérat­ion objective, à Marine Le Pen.

Vous avez déclaré récemment que « l’offre gagnante dans ce pays correspond plus ou moins à celle de Nicolas Sarkozy en  ». En quoi Marine Le Pen en est-elle proche ? Je faisais surtout un constat factuel. Il avait réussi une sorte d’alchimie électorale avec le programme qu’il portait. Marine Le Pen s’en rapproche avec un projet centré sur l’identité française. Elle parle au-delà de son propre camp. Nous avons réussi à convaincre des tranches de population qui, jusqu’ici, nous étaient rétives, je pense notamment aux fonctionna­ires. De ce point de vue-là, je suis convaincue que cette « alchimie » peut se retrouver dans cette élection, avec Marine.

Marine Le Pen présidente, quelle pourrait être votre rôle dans un futur gouverneme­nt ? On n’est pas du tout dans cet état d’esprit, notre objectif est d’abord de remporter la présidenti­elle. Ce que je peux vous dire, c’est que Marine Le Pen a envoyé un signe fort d’ouverture, en disant que son gouverneme­nt ne serait pas fronto-frontiste ; que son Premier ministre lui-même ne serait pas forcément issu des rangs du Front national. C’est un signal de rassemblem­ent fort pour constituer une majorité avec, pourquoi pas, des personnes issues de la société civile, des élus sortants de droite qui pourraient être compatible­s avec nous… L’idée est de rassembler toute cette frange conservatr­ice et souveraini­ste qui est en phase avec les idées du Front national.

Ce signe fort d’ouverture est aussi un pas vers une alliance pour gouverner ? Évidemment, si le FN n’obtient pas à lui seul une majorité pour gouverner nous envisagero­ns des alliance, pas avec un parti mais avec des personnali­tés compatible­s avec notre programme et nos idées.

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Marine Le Pen est également mise en cause par un élu des Alpes-maritimes, Gaël Nofri, qui déclare avoir été rémunéré pour un emploi fictif. Le Parlement européen vient de lui lever son immunité parlementa­ire, pour l’affaire des photos d’exactions de...

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