Faux testament: une Cannettane condamnée
Maryvonne Le Gall, ex-pharmacienne au Cannet, a été condamnée en appel à 30 mois de prison. Elle était au coeur d’une sordide affaire de faux testament suite au suicide de sa compagne
Manipulatrice », « mante religieuse », « le mal incarné ». Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire Maryvonne Le Gall, expharmacienne chemin de l’Industrie au Cannet, récemment jugée devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence. La Cannettane, âgée de 63 ans, était au coeur d’une sordide affaire d’abus de faiblesse sur sa compagne. Elle était entre autre soupçonnée d’avoir produit un faux testament après le suicide de cette dernière pour récupérer des biens immobiliers.
Un comportement suspect
Le 11 septembre 2009, Christiane G., ancienne gérante d’un établissement de nuit cannois et figure locale alors âgée de 73 ans, avait trouvé la mort en se jetant du pont Saint-Victor. Au lendemain du drame, Maryvonne Le Gall, qui fréquentait la victime depuis de nombreuses années, s’était présentée au commissariat, décrivant sa compagne comme dépressive et réclamant son incinération. Une attitude qui avait intrigué les enquêteurs du groupe Crim de la Sûreté urbaine de Cannes chargés de l’affaire. « C’était un dimanche, et le fait qu’elle soit aussi peu attristée et pressée semblait assez suspect », La victime s’est tuée en se jetant du pont Saint-Victor.
rembobinent les policiers. D’autant que l’ex-mari de la pharmacienne avait lui aussi trouvé la mort quelques années plus tôt dans des circonstances troubles : l’homme s’était en effet poignardé en présence de Maryvonne Le Gall ! Une autre de ses ex-compagnes avait également succombé à une overdose de médicaments. Autant d’éléments inquiétants laissant penser que Christiane G. aurait pu être poussée au suicide...
Peu après le décès, la pharmacienne organise rapidement la crémation de la victime avec l’aide de son amant, gérant de pompes funèbres. Quelques jours plus tard, les doutes des policiers sont confirmés. Un coup de fil d’une entreprise concurrente de pompes funèbres leur apprend que Christiane G. avait en effet un contrat obsèques chez eux. Les enquêteurs doutent de la fiabilité du document manuscrit produit par Maryvonne. Tout comme de l’une des pages du testament indiquant: « Je lègue tous mes biens à mon grand amour Maryvonne». Soit près de deux millions de biens immobiliers, dont un appartement sur la Croisette dans lequel Maryvonne Le Gall s’est installée !
Machiavélique
Suite aux investigations des enquêteurs, une information judiciaire est ouverte en mars 2011 et un juge nommé pour s’occuper du dossier. Grâce aux écoutes téléphoniques, le Groupe Crim’ met à jour la personnalité machiavélique de l’accusée : assoiffée d’argent, manipulatrice, conseillant à son fils alors âgé de 18 ans d’aller « se noyer dans le port »... « Des témoins sont également venus exprimer leurs doutes quant aux circonstances de la mort de Christiane G. Certains avaient été témoins d’altercations entre les deux femmes. L’un d’entre eux a entendu Maryvonne Le Gall déclarer froidement : “J’ai tout ce qu’il faut dans ma pharmacie pour empoisonner quelqu’un sans que ça se voie...” », développent les enquêteurs. L’ex-pharmacienne est placée en garde à vue le 13 juin 2013, puis mise en examen pour « faux et usage de faux, abus de faiblesse, violences sur personne vulnérable, vol, provocation au suicide suivie d’effets et administration habituelle de substance nuisible ». Un dernier chef d’accusation difficile à prouver malgré les soupçons de la police. Maryvonne Le Gall est finalement laissée en liberté en attendant d’être jugée devant le tribunal correctionnel de Grasse. Le 3 novembre 2015, elle est reconnue coupable de « violences, vol et infraction aux règlements sur le commerce et l’emploi de substance vénéneuse », et relaxée pour le faux et l’administration de substance nuisible. Condamnée à deux ans d’emprisonnement, elle fait appel de cette décision sans passer par la case prison. La cour d’appel d’Aix en Provence a décidé d’aggraver la condamnation pour « abus de faiblesse et faux et usage de faux » à30moisde prison ferme avec mandat de dépôt à la prison marseillaise des Baumettes.