Des coraux fluos prennent la place des requins
Le Musée océanographique présente pour la première fois au public, dans un immense bassin, des espèces de coraux tropicaux aux couleurs fluorescentes. Une rareté offerte par la nature
Avec un soupçon de mystère de la nature et une bonne dose de poésie, les coraux jouent les vedettes depuis hier au Musée océanographique. Le vaisseau du Rocher, toujours intéressé à la vie marine, vient de mettre la dernière touche à un bassin contenant une variété de coraux tropicaux, avec l’étonnante particularité de proposer dans l’eau, des couleurs fluorescentes. Une explosion carnavalesque de couleurs primaires que la science explique par un effet des pigments de l’algue. Installé pour les visiteurs dans la pénombre, comme une plongée dans un récif corallien, le bassin qui accueillait jusqu’alors des bébés requins, sert de livre ouvert pour comprendre que le corail est un animal marin fixe. Ceux présentés à Monaco sont tropicaux, qui évoluent d’ordinaire dans des eaux chaudes. Pour compagnons de jeux, dans le bassin, des poissons-chirurgiens se chargent de donner du mouvement.
Espèce fragile
« Les premiers fragments de coraux sont arrivés au
Musée océanographique en 1989 », a rappelé Robert Calcagno, directeur des lieux. Et les équipes scientifiques sont les premières
au monde à avoir maintenu et reproduit en captivité des coraux. Techniquement pour ce bassin, les coraux sélectionnés
ont été « jontés » (fixés) aux décors avant la mise en eau. Les bêtes sont éclairées à basse tension par une lumière bleue
pendant les heures d’ouverture. De 20 heures à 1 heure du matin, le bassin est douché par des LED simulant la lumière du soleil. Puis de 2 heures du matin à l’aube, l’ensemble est plongé dans la pénombre. Outre l’esthétique, le bassin tend à sensibiliser les visiteurs sur la nature des coraux. « Ils représentent à peine 0,2 % de la surface du globe mais contiennent 30 % de la biodiversité de la vie marine », note le professeur Patrick Rampal, président du Centre scientifique de Monaco qui oriente depuis plusieurs années ses recherches sur ces éléments. « La population a déjà réduit de 20 % sur la planète. Et même si le réchauffement climatique est contenu, on sait qu’une partie aura à nouveau disparu dans vingt ans ». Un problème environnemental. Mais aussi sociétal et économique. Ensemble, les responsables de l’Institut océanographique et du Centre scientifique ont d’ailleurs profité de la présentation, hier, pour signer une convention de partenariat, administrant, « la relation historique et ancienne entre nos deux entités », a souligné Robert Calcagno. Avec en tête, après ce bassin, d’autres collaborations.