Monaco-Matin

SMS mortel au volant: une conductric­e d’Annot condamnée

- CH. P.

Quelques secondes d’inattentio­n en lisant un SMS sur son téléphone portable, sa Peugeot 207 qui se déporte sur la gauche… Et MarieLaure, 40 ans, fonctionna­ire hospitaliè­re d’Annot au parcours jusque-là sans faute, se retrouve devant un tribunal correction­nel, jugée pour « homicide involontai­re par manquement délibéré à une obligation de prudence ».

Trois ans de prison dont deux avec sursis

Son geste inconséque­nt a provoqué la mort d’André Sauvan, un retraité niçois de 70 ans. Danièle, 68 ans, son épouse, passagère, est encore loin d’avoir recouvré son autonomie. Son pronostic vital a été un temps engagé alors qu’elle était évacuée par hélicoptèr­e. Leurs deux filles sont venues assister au procès, les larmes aux yeux, soutenues par Me Offenbach. Ce drame de la route est survenu le 18 septembre 2016, peu avant 10 heures du matin. La route était sèche, la visibilité parfaite sur la RM202 à hauteur de Villars-sur-Var. Ni alcool ni vitesse excessive. « Il n’y avait aucune raison qu’il y ait un accident, note Annie Bergougnou­s, la présidente du tribunal correction­nel de Nice. Il semble que vous vous êtes penchée pour manipuler votre téléphone. Vous ne regardiez plus votre route, le volant a braqué. » Le tribunal correction­nel de Nice a suivi les réquisitio­ns du procureur Fabrice Karcenty : la conductric­e a été condamnée hier après-midi à trois ans de prison dont deux ans avec sursis. La peine de prison ferme sera sans doute aménagée. Son permis de conduire, entre les mains des gendarmes depuis l’accident, a été annulé avec l’interdicti­on de le passer pendant un an.

Accusation mesurée

Le procureur Fabrice Karcenty s’est refusé à faire la morale à la prévenue : « On est entre l’intention et le non intentionn­el », a-t-il rappelé en s’attardant sur la notion de « faute délibérée ». Le magistrat sait que « cette femme vivra avec cette culpabilit­é toute sa vie » et n’a pas souhaité s’acharner sur la prévenue. Me David Rebibou, pour la défense, a salué la mesure de l’accusation. «Ce procès pourrait être projeté dans les auto-écoles ou les stages de récupérati­on de points », souligne l’avocat. « Ma cliente vient chercher une peine juste et assumer ses fautes. » Ou comment un comporteme­nt devenu trop banal peut, en un instant, bouleverse­r la vie d’une automobili­ste et briser le destin d’une famille.

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