Monaco-Matin

Retour aux sources du Dakar

Nouvelle course organisée par un Niçois d’adoption, Mohamed El Ghouti, le Rallye d’Algérie ressuscite la route mythique des pionniers du Dakar autour d’El Golea. Suivez le guide !

- GIL LÉON

Ghardaïa, El Golea, Bordj Omar Driss, In Salah, Djanet, Tamanrasse­t... Pour tout dévoreur de grands espaces normalemen­t constitué - et d’un certain âge ! -, ces noms évoquent l’époque des premiers Paris-Alger-Dakar. Lorsque les pionniers et leurs machines, après avoir traversé la France et la Méditerran­ée, plongeaien­t plein sud dans l’inconnu, à l’assaut d’une mer de sable aussi envoûtante qu’immense : le désert algérien. « Natif d’El Golea, j’ai vu de près la caravane conduite par Thierry Sabine à maintes reprises. Je me rappelle notamment avoir croisé Michel Sardou (copilote de Jean-Pierre Jabouille à bord d’un Lada Niva en , ndlr) dans le hall de l’hôtel El Boustene où j’étais maître-nageur saisonnier. Le premier passage chez nous d’Ari Vatanen, un peu plus tard (en , vainqueur sur Peugeot ), m’avait aussi marqué. Personnage charismati­que. J’étais alors loin d’imaginer que mon destin m’amènerait à organiser un jour un rallye tout-terrain sur cette route mythique sillonnée jusqu’en . » Azuréen d’adoption depuis , vivant à Nice où il dirige une société d’import-export avec le Maghreb, Mohamed El Ghouti,  ans, tient les commandes du Rallye d’Algérie créé en . Durant une semaine, en octobre ,  concurrent­s (moto, auto, camion) l’ont suivi dans une nouvelle aventure unanimemen­t appréciée dont il prépare la suite avec comme ambition numéro  de redorer le blason de son pays. « Avec mon ami ‘‘Fenouil’’ (ancien directeur du Paris-Dakar et créateur du Rallye du Pharaons), nous avions déjà planché au tout début des années 2000 sur un projet de course en Algérie. Mais la conjonctur­e était alors encore assez compliquée. Il manquait certaines garanties en matière de sécurité, ainsi que des partenaire­s financiers. Finalement, le Rallye d’Algérie a vu le jour en octobre 2015, grâce à la Fédération algérienne des sports mécaniques qui a eu le courage de prendre l’initiative. De mon côté, j’ai fondé la société Arak Sport en compagnie de spécialist­es italiens ayant longtemps organisé le Rallye des Pharaons : Daniele Cotto, Paolo Gaggiani et Giuseppe Bellotti. Lors de ce baptême, nous fournissio­ns juste un support technique et logistique, l’organisati­on étant assurée par la

Fédération. Malgré quelques petites erreurs de jeunesse, les participan­ts, parmi lesquels figuraient déjà de nombreux étrangers venus principale­ment d’Italie, de France et d’Espagne, ont donné des impression­s très positives sur la qualité de l’accueil et la beauté du terrain. De quoi avoir envie de renouveler l’expérience. » « Conscient qu’il s’agit d’une belle vitrine, mais aussi d’un baromètre important, le gouverneme­nt algérien a mis le paquet en 2016 pour que l’on puisse réussir cette 2e édition inscrite aux calendrier­s internatio­naux FIA et FIM. Aucune porte n’est restée close ! Résultat : on a enclenché la vitesse supérieure, avec 140 engagés dont 83 étrangers. De nombreux concurrent­s séduits par leur découverte un an plus tôt sont revenus. Et puis le bouche à oreille a bien fonctionné puisque nous avons aussi enregistré pas mal de nouveaux inscrits, dont certains originaire­s de la Côte d’Azur. La course comprenait cinq étapes, soit environ 1250 kilomètres chronométr­és au total. Compte tenu des commentair­es enthousias­tes recueillis de toutes parts, on peut dire qu’Arak Sport a clairement relevé le défi en améliorant l’organisati­on. » « Vu d’ici, la sécurité constitue une question prépondéra­nte, je le comprends. Le drame survenu en 2014 (l’assassinat du guide de haute montagne Hervé Gourdel par un groupe djihadiste) était un acte isolé. Contrairem­ent à certains pays voisins, Libye, Niger, Mali, toujours en proie à des troubles, l’Algérie jouit d’un contexte stable. Une fois établi, le parcours est validé par les autorités. Ensuite, l’armée et la gendarmeri­e algérienne­s encadrent l’épreuve d’un bout à l’autre, avec hélicoptèr­es et patrouille­s au sol. Il y a aussi un système de tracking par satellite qui permet de suivre la progressio­n de chacun en temps réel. Des concurrent­s ayant déjà disputé dix ou quinze Dakar ont déclaré à l’arrivée qu’ils avaient rarement vu un tel dispositif. Pour nous, il s’agit d’une priorité essentiell­e, bien sûr. En gardant à l’esprit que le risque zéro n’existe pas, nulle part, comme on l’a vu hélas le 14 juillet dernier sur la Promenade des Anglais. » « Du 15 au 22 octobre, le Rallye d’Algérie 2017 proposera un parcours en trèfle autour d’El Golea. Trait d’union entre les deux grands ergs, oriental et occidental, c’est une plaque tournante naturelle. Nous allons tracer cinq ou six étapes. Itinéraire nouveau à près de 80 %. Les 220 à 240 engagés attendus découvriro­nt notamment des dunes géantes, jusqu’à 300 m de haut… Et puis on réfléchit aussi aux évolutions à moyen terme, tout en cherchant des partenaire­s qui pourraient nous aider à grandir. Par exemple, il n’est pas exclu que l’épreuve mette le cap encore plus au sud en 2018. Certains voudraient voir Tamanrasse­t, le désert du Hoggar. Un terrain différent, un autre décor féerique. Pourquoi pas l’année prochaine ? » www.algerally.com

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