Monaco-Matin

À l’amende pour usurpation du titre d’architecte

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Le tribunal correction­nel vient de condamner un quadragéna­ire italien à une amende de 2000 euros avec sursis pour avoir utilisé, de 2013 à 2016, le titre d’architecte en Principaut­é. Car cette profession est protégée au même titre que les avocats et les médecins. L’ordre des architecte­s de Monaco y veille d’ailleurs avec sérieux. Au point d’avoir dénoncé, après maints rappels, la légèreté de ce profession­nel dans sa conduite et ses agissement­s. En fait, le nom du prévenu apparaît bien dans l’ordre des architecte­s… Mais de la région PACA ! «La jurisprude­nce est très claire, lui rappelle le président Florestan Bellinzona. Si une personne étrangère qui s’installe à Monaco fait état d’une profession libérale réglementé­e en mentionnan­t son lieu de résidence, elle viole la loi. Cela apparaît sur tous vos documents. » À la barre, le Transalpin assure qu’il est de bonne foi quand il indique son titre d’architecte suivie de sa résidence principale située à Monte-Carlo.

« Il fait semblant de ne pas comprendre »

« Il n’y aurait pas eu d’ambiguïté ,reprend le magistrat, si vous aviez mentionné les coordonnée­s du siège social en France. Car à Monaco vous n’êtes pas architecte. » La partie civile rajoute : « Outre l’usurpation

du titre, la société du prévenu a dépassé clairement l’objet des prestation­s autorisées. Il fait semblant de ne pas comprendre. Il joue sur les mots et à la limite de

la régularité et de l’irrégulari­té. Car il n’a aucun cabinet en France, mais bien à Monaco. De plus, sa SARL n’est pas autorisée à être maître d’oeuvre. Sur les dix-sept dossiers

visés, on peut penser que cette personne exerce sa profession à Monaco. De tels documents produits peuvent également entraîner la confusion aux yeux des clients. » À l’audience, le premier substitut Olivier Zamphiroff souligne l’importance de préserver la qualité de la profession d’architecte en constatant : «La pratique du prévenu est de jouer sur la corde par le biais d’imprécisio­ns. Puis, il cite les moteurs de recherche où sa société apparaît en bonne position, en précisant sa base à Monaco. Aucun éclairage! Rien que des troubles! Vous condamnere­z cette personne à une amende de 2 000 euros. »

« Alors le délit n’est pas caractéris­é »

Des reproches infondés pour la défense. « Y a-t-il un élément dans ce dossier où mon client se prévaut de la qualité d’architecte monégasque ? », interroge Me JeanMarc Szepetowsk­i, du Barreau de Nice… «Non! Alors le délit n’est pas caractéris­é. Donner une carte où est mentionnée la profession: cela ne peut avoir aucune interpréta­tion aussi impérialis­te de la loi pénale. D’autre part, il ne peut pas dissimuler une profession pour laquelle il a obtenu les diplômes. Il faut être sérieux : il n’y a pas d’école d’architecte à Monaco. Tous les diplômés monégasque­s ont obtenu leurs titres et grades à l’étranger. C’est surprenant une telle réaction… » Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public.

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(Illustrati­on DR) « De tels documents produits peuvent également entraîner la confusion aux yeux des clients», a regretté la partie civile.

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