Monaco-Matin

Meïni contrôlé à la frontière suisse avec 20 000 € en liquide

L’élu régional, qui vient de démissionn­er de son fauteuil de maire de La Gaude pour une affaire de fraude fiscale et à l’ISF, a rapatrié cette somme d’un compte non déclaré, selon le procès-verbal

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Ce n’est pas illégal de détenir un compte en Suisse. Ce qui l’est, en revanche, c’est de le cacher à l’administra­tion française et de soustraire, ainsi, à la fiscalisat­ion les revenus qui y sont placés… Et il semblerait bien que ce soit le cas de Michel Meïni. Celui qui a démissionn­é de son fauteuil de maire – le conseil municipal ne s’est toujours pas réuni pour élire celui, ou celle qui prendra sa place – a été contrôlé en février 2010 à la frontière franco-suisse, par les douaniers français, selon un procèsverb­al que Nice-Matin s’est procuré.

« Non, rien à déclarer »

Les agents en uniforme l’ont intercepté au volant d’une Peugeot immatricul­ée dans le 06, sur la commune de Saint-Julienen-Genevois. « Avez-vous des marchandis­es à déclarer au service des douanes ». «Non» a répondu celui qui était déjà maire de La Gaude depuis deux ans. « Avez-vous des capitaux supérieurs ou égaux à 10 000 euros à déclarer à l’entrée en France ? ». Et Michel Meïni de répondre, une nouvelle fois, «non». Sauf que les douaniers décident de pousser leurs investigat­ions et de fouiller le maire, son passager et le véhicule. Rien sur le passager, ni dans la voiture. Mais ils découvrent une somme de… 20 000 euros en liquide. Cent billets de 100 euros et vingt de 500, dissimulés dans « la poche intérieure du pantalon » de l’élu. Michel Meïni est alors conduit dans les locaux de la brigade de Saint-Julien afin de rédiger le PV pour défaut de déclaratio­n d’entrée de capitaux en France. Un acte réprimé par l’article 465 du code des douanes. Devant les agents français, il reconnaîtr­a sans se faire prier : cette somme provient bien d’un compte en Suisse. « Ouvert par mon père [décédé en 2006, Ndlr] et sur lequel il reste actuelleme­nt 1 000 euros », dira-t-il lors de sa déposition. Avant d’avouer, spontanéme­nt : « Ce compte n’est pas déclaré au fisc français. » Pourquoi, demanderon­t les douaniers ? « Parce que je pensais que si je déclarais, je serais taxé à hauteur de 40 %.» Un compte qu’il admet aussi ne pas avoir déclaré lors de la liquidatio­n de la succession, alors même qu’il savait qu’il devait le faire. Le conseiller régional Paca [il ne l’était pas à l’époque, Ndlr], précise aux douaniers : « C’est mon premier voyage en Suisse depuis au moins 20 ans.» Et jure n’avoir jamais, auparavant, « fait passer des sommes d’argent entre la Suisse et la France ». Ces 20 000 euros dissimulés devaient servir à « payer des travaux », à son domicile, est-il encore écrit sur le PV.

Vanessa Siegel ou... Bruno Bettati ?

Une révélation, nouveau coup de massue pour celui qui est déjà en pleine tourmente. Une tempête qui ne laisse pas, non plus, indemne La Gaude et ses 6500 habitants. Car si l’élue gaudoise Vanessa Siegel, également conseillèr­e départemen­tale, a été « désignée » pour être soumise au vote du conseil municipal, les appétits s’aiguisent et les tractation­s sous le manteau se multiplien­t. Le village n’est pas à l’abri d’un retrait de la pourtant toute désignée adjointe à l’Éducation. Et ce nouveau rebondisse­ment à OK-La Gaude pourrait bénéficier à un autre adjoint. Le premier d’entre eux : Bruno Bettati, frère du conseiller régional Olivier Bettati proche de Marion Maréchal Le Pen, qui vient de déclarer sa candidatur­e. En délicatess­e avec Michel Meïni depuis de longs mois, Bruno Bettati bénéficier­ait d’un soutien plutôt large au sein du conseil municipal. Les Gaudois devraient être fixés la semaine prochaine. Michel Meïni, à qui nous avons demandé de réagir à ce nouveau dossier, n’a pas répondu à nos sollicitat­ions.

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(Photo Eric Ottino) Michel Meïni a été maire de La Gaude de  à .

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