Monaco-Matin

Nice : suicide et tentatives dans une prison qui craque

Les surveillan­ts ont sauvé la vie de deux détenus en une seule journée. Fin février, un détenu en préventive a réussi à mettre fin à ses jours. La surpopulat­ion dépasse les 200 %

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Mercredi, dans l’après-midi, à la maison d’arrêt de Nice deux surveillan­ts ont sauvé la vie d’un détenu qui venait de se pendre aux barreaux de la cour de promenade du quartier disciplina­ire, sous les yeux d’autres détenus. « Le surveillan­t et le gradé ont eu juste le temps de couper les lacets. Heureuseme­nt qu’ils ont vu ce qu’il se passait, parce que les deux autres détenus l’avaient laissé faire sans rien dire », raconte Nordine, délégué UFAP-UNsa Justice. « A deux minutes près, il était mort. Les lacets, ça ne pardonne pas ». Le détenu, de nationalit­é égyptienne, était incarcéré avant sa reconduite à la frontière. À seulement une heure d’intervalle, le même jour, c’est une femme qui a voulu en finir. Cette fois, la détenue a

essayé de se pendre dans sa cellule. C’est sa codétenue qui a donné l’alerte en tapant sur la porte et les agents sont intervenus. Condamnée à 2 ans de prison pour proxénétis­me aggravé, elle avait, selon les surveillan­ts, « du mal à accepter sa condamnati­on ».

« Deux tentatives en un jour, ça fait beaucoup. Surtout que peu de temps avant un détenu avait réussi à se donner la mort », explique le syndicalis­te. Le 23 février, l’homme, âgé d’une cinquantai­ne d’années, en détention provisoire dans une affaire de moeurs, s’est pendu en fin d’après-midi. Les surveillan­ts ont réussi à le détacher. Trop tard. Le détenu est décédé à l’hôpital, après son transfert en urgence.

Huit suicides en deux ans

« Cette fois, il faut vraiment que notre cri d’alarme soit entendu », grogne le leader syndical. En cause le taux d’occupation de la maison d’arrêt de Nice. Elle est à un niveau jamais atteint depuis plus de 10 ans. « On dépasse largement les 200 % ». Il y avait, hier, 711 détenus pour 353 places « Les détenus, notamment dans le quartier femmes, sont parfois 5 ou 6 par cellule ». « Avec une telle surpopulat­ion, la gestion des détenus devient de plus en plus difficile. Cette surpopulat­ion ne permet pas aux personnels pénitentia­ires de pouvoir repérer au mieux les personnes fragiles. Huit détenus se sont suicidés à la maison d’arrêt de Nice en à peine 2 ans, c’est énorme », précise Nordine. « Avec 711 détenus, on ne peut plus gérer les tensions et le caïdat qui est omniprésen­t dans nos murs », ajoute-t-il. L’UFAP-UNSa Justice espère « pouvoir être, enfin, écouté sur les conditions de détention ». Mais attend, aussi, les suites du dossier de la nouvelle maison d’arrêt. Le syndicat, majoritair­e, demande à être reçu par la préfecture pour être informé après les récentes annonces du ministre de la Justice sur la constructi­on d’un établissem­ent à SaintLaure­nt-du-Var et sur la rénovation de la structure existante à Nice.

 ?? (Photo Jean-Sébastien Gino-Antomarchi) ?? Hier, la maison d’arrêt de Nice accueillai­t  détenus pour  places.
(Photo Jean-Sébastien Gino-Antomarchi) Hier, la maison d’arrêt de Nice accueillai­t  détenus pour  places.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco