Asselineau, le candidat anti-système issu du sérail
Il est celui que personne n’avait jusqu’ici vu venir, bien qu’il laboure le terrain depuis plusieurs mois déjà. Désormais en possession des précieux cinq cents sésames, François Asselineau sera bel et bien dans la course présidentielle. Ce Parisien de 59 ans préside l’Union populaire républicaine (UPR), qu’il a fondée en 2007, après être passé par le RPF et l’UMP. Le parti revendique aujourd’hui quelque 16 000 adhérents. Se présentant volontiers comme un candidat antisystème, il en est pourtant un pur produit. On le qualifie en général de souverainiste, voire d’europhobe (lui préfère le terme « d’euro-athée ») et il n’est pas insensible aux thèses complotistes.
Sortir de l’Europe
François Asselineau propose sans ambiguïté la sortie de l’Union européenne, de la zone euro et de l’Otan. Si ses idées semblent épouser largement celles du FN, il assure en être « l’un des opposants les plus résolus », jugeant globalement les positions frontistes trop extrémistes sur les questions migratoires, et trop frileuses sur la rupture avec l’Europe. Il milite de longue date pour une sortie de la France de l’Union européenne et le retour au franc. Son parti a d’ailleurs été symboliquement fondé le jour même du 50e anniversaire du Traité de Rome. «Je veux rassembler tous les Français dans un nouveau Conseil de la Résistance, pour leur redonner le droit inaliénable à choisir leur avenir collectif », a-t-il déclaré hier lors d’une conférence de presse, annonçant la présentation de son programme complet pour mardi prochain. L’énarque un peu chien fou se tresse volontiers une stature de « gaulliste ». Derrière son allure bonhomme, il a visiblement une idée certaine de sa valeur. En 2012 déjà, il avait tenté de concourir à la présidentielle, butant alors sur l’obstacle des 500 signatures.
Passages dans les ministères
Tout le paradoxe de ce candidat qui brocarde le système est d’être issu du sérail. Car François Asselineau a fait carrière dans la haute fonction publique : diplômé d’HEC et de l’ENA, il est devenu inspecteur des finances en 1985, avant de rejoindre plusieurs cabinets ministériels de droite à partir de 1993. Il a ainsi travaillé auprès de Gérard Longuet à l’Industrie, Hervé de Charette aux Affaires étrangères et Françoise de Panafieu au Tourisme. Il s’est, à cette époque, rapproché de Philippe de Villiers et Charles Pasqua, dont il fut le directeur de cabinet au conseil général des Hauts-de-Seine de 2001 à 2004. François Asselineau a luimême été élu conseiller de Paris en 2001 sur une liste conduite par Jean Tiberi. L’UPR avait présenté des candidats aux européennes de 2014 (0,41 % des voix) et aux régionales de 2015, pour un score global de 0,87 %. Quasi-inconnu du grand public, Asselineau en a fait un argument, à la manière du FN dans les années 80 : « L’UPR, le parti qui monte, malgré le silence des médias», martèlent ses tracts. Ses partisans sont en revanche très présents sur les réseaux sociaux et le candidat, à la manière de Mélenchon, distille régulièrement ses analyses par vidéos interposées sur Youtube.