Corée du Sud: la justice congédie la présidente
La plus haute instance judiciaire de Corée du Sud a entériné hier la destitution de la présidente Park Geun-Hye, emportée par un énorme scandale de corruption qui a paralysé le pouvoir à un moment de fortes tensions régionales. La décision unanime des juges de la Cour constitutionnelle signifie qu’une présidentielle anticipée doit être organisée sous 60 jours (elle devrait avoir lieu le 9 mai). Son annonce a entraîné des échauffourées dans lesquelles deux manifestants pro-Park ont trouvé la mort. Cette décision va permettre à Séoul de tirer un trait sur un scandale qui l’empoisonne depuis des mois, alors même que la Corée du Nord multiplie les tirs de missiles et les menaces. Mme Park, 65 ans, fille du dictateur militaire Park ChungHee, était devenue en 2012 la première femme à présider son pays ; elle devient le premier chef de l’Etat de Corée du Sud à être limogé de la sorte. Elle perd son immunité, ce qui l’expose à d’éventuelles poursuites judiciaires, et doit quitter la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne.
Scandale à tiroirs
Ce scandale à tiroirs est centré sur la confidente secrète de Mme Park, Choi Soon-Sil, elle-même jugée pour avoir soutiré des millions de dollars à de grands groupes industriels. D’après la Cour, Mme Park a enfreint la loi en permettant à son amie de se mêler des affaires de l’Etat et a contrevenu aux règles de la fonction publique, et ainsi «trahi la confiance du peuple». Ses agissements constituent « une violation grave et inacceptable de la loi ». Si Mme Park s’est excusée à de multiples reprises, elle a démenti toute malversation. « Je n’ai jamais recherché de profits personnels ou abusé de mon pouvoir de présidente ».