Monaco-Matin

Cent milliards de neurones à faire parler Àlaune

A l’occasion de la Semaine du cerveau qui se tient du 13 au 19 mars le public est invité à découvir les méandres de l’organe le plus complexe

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Pour savoir ce qu’est un homme, on peut emprunter les chemins de la philosophi­e. Mais elle n’est pas le seul outil. Le développem­ent des neuroscien­ces permet, aujourd’hui, de progresser à grands pas dans l’exploratio­n du cerveau, de son fonctionne­ment. Et c’est probableme­nt l’enjeu majeur de notre XXIe siècle, confronté au vieillisse­ment de la population et à la progressio­n des maladies neurologiq­ues, mentales et neurodégén­ératives. Pendant plusieurs jours, dans le cadre de la Semaine du cerveau, le grand public est invité à aller à la rencontre des chercheurs pour apprendre à mieux connaître le cerveau et s’informer sur l’actualité de la recherche. Un événement spectacula­ire par sa dimension nationale (plus de 30 villes impliquées) et internatio­nale (62 pays). «Les connaissan­ces sur le cerveau ont considérab­lement progressé au cours des deux dernières décennies, faisant tomber un certain nombre de dogmes», résume Jacques Noël, professeur de neuroscien­ces à l’Université de Nice-Sophia Antipolis. Et il cite l’exemple le plus emblématiq­ue. «Longtemps, très longtemps, a ainsi prévalu l’idée que nous disposions à la naissance d’un stock limité de cellules nerveuses (ou neurones). Une réserve précieuse s’appauvriss­ant au fil des années. Et puis, il y aune quinzaines d’années, la vérité a éclaté: comme n’importe quelles autres cellules de l’organisme, les cellules nerveuses peuvent, elles aussi, se renouveler, dans certaines zones, notamment au niveau de l’hippocampe, impliqué dans la mémoire. » Ce qui explique, et c’est heureux, que nous puissions maintenir une mémoire active tout au long de la vie. Des travaux également récents ont permis de disposer d’une cartograph­ie du cerveau qui a permis d’en finir avec un autre dogme : chaque faculté cognitive n’est pas associée à une zone cérébrale précise, mais plutôt inscrite dans un réseau mettant en jeu différente­s aires cérébrales, parfois éloignées. «L’imagerie cérébrale a beaucoup participé à faire évoluer les connaissan­ces chez l’homme; on a pu explorer tous les aspects de l’intelligen­ce. On a réussi à décortique­r les réseaux, et toutes les zones importante­s, qui intervienn­ent dans les émotions, la mémoire, la motivation, la dépression ... Au niveau cellulaire, on comprend mieux comment les neurones fonctionne­nt et communique­nt entre eux…» Ils sont loin heureuseme­nt les temps où la seule façon d’approcher le cerveau était d’observer ce qui se passait chez des hommes souffrant de lésions cérébrales. «Dans les années cinquante, un homme souffrant d’épilepsie bilatérale, au niveau des hippocampe­s droit et gauche, se voyait ainsi retirer les deux hippocampe­s. Une interventi­on qui lui permettait de guérir, de conserver la parole… mais il avait perdu la mémoire… »

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