Il n’y a pas d’organe plus mélomane que le cerveau Bien-être
Emmanuel Bigand, violoncelliste membre du Rolling String Quartet et professeur de psychologie, va démontrer, instrument à l’appui, le pouvoir de la musique sur les neurones
Anne-Claire, qui travaille dans un openspace, met souvent son casque sur les oreilles et plonge dans Chopin pour s’isoler du bruit ambiant et se concentrer. La musique classique l’appaise autant qu’elle l’aide à rassembler ses idées. Le soir venu, ce sont les premières notes du Connemara (celui de Michel Sardou) qui suffisent à lui déclencher une envie irrepressible de chanter, enfin plutôt de crier, avant de se mettre à danser. A chacun ses lubies pourrait-on croire. Finalement, ce n’est pas si vrai. Car la musique a un pouvoir bien réel sur le cerveau. C’est scientifiquement prouvé. Emmanuel Bigand accompagné de ses trois acolytes formant le Rolling String Quartet compte en faire la démonstration, aujourd’hui, à l’occasion de la conférence inaugurale de la Semaine du cerveau (à 18 h à l’auditorium du Galet de Pasteur 2). Ce professeur de psychologie cognitive, directeur du laboratoire LEAD au CNRS, et titulaire de la chaire « Musique cerveau cognition » à l’Institut universitaire de France, va détailler quels effets produisent la musique sur notre cerveau. Il nous en livre quelques notes pour nous mettre en appétit. « Pour comprendre la cognition, on utilise souvent le langage.
«Lapratique de la danse active les aires sensorielles et motrices du cerveau. Les connections cérébrales entre les régions sensorielles du cerveau sont considérablement facilitées, Or en travaillant sur la musique, on s’est rendu compte qu’il y a beaucoup de similitudes entre musique et langage.» Parce que les réseaux de neurones s’activent à l’écoute d’une conversation ou d’une mélodie sont sensiblement les mêmes.
Le cerveau des musiciens est différent
En somme, chansons et mélodies entrent par différentes « fenêtres » dans le cerveau et nous permettent de comprendre beaucoup de choses. « C’est une manière de poser les problèmes différemment », note Emmanuel Bigand. Le cerveau des musiciens est différent de celui
Cependant, il est difficile d’étudier l’activité cérébrale alors que le sujet est en mouvement.» « Au niveau structurel, des non-musiciens. Car c’est une activité qui mobilise des ressources comme l’attention et la mémoire.» Pour mieux expliquer son propos, le violoncelliste scientifique va le mettre en musique. Explications alterneront avec morceaux joués. Ce format est beaucoup plus accessible, notamment pour ceux qui n’auraient pas envie d’écouter un universitaire au pupitre! « Cela nous permet surtout d’avoir la principale intéressée parmi nous : la musique. En illustrant mes propos par des notes, le public va immédiatement ressentir ces fameux effets. Il va comprendre pourquoi j’avance le fait que la musique fait swinguer les neurones : elle les stimule directement.» Emmanuel Bigand va plus loin dans sa démonstration. Une mélodie peut modifier les sentiments. La preuve : un morceau aux tonalités graves, au rythme lent aura tendance à déclencher une sensation de vague à l’âme. La musique peut même agir sur... la santé. « Des études ont montré qu’elle peut jouer un rôle important en présence de lésions organiques liées par exemple à la maladie de Parkinson, d’Alzheimer, etc. « On connaît les effets bénéfiques du sport, c’est une évidence pour tout le monde. Et bien il en va de même pour la musique. Et on peut s’y mettre à tout âge ! » ,rassure Emmanuel Bigand. Apprendre le piano à 60 ans ? Et pourquoi pas ! Une manière de stimuler son cerveau, d’apaiser ses tensions et de prendre du plaisir accessible facilement. En plus, il n’y a aucune contreindication et encore moins de prédispositions requises. Allez, on commence l’entraînement : on allume la radio, on prend un disque ou on ressort sa vieille guitare et que ça swingue !