Des collégiens de Bellevue dans l’enfer d’Auschwitz
150 collégiens de Beausoleil à Cannes ont participé, jeudi dernier, au 76e voyage de la mémoire organisé par le conseil départemental sur le site de l’ancien camp d’extermination d’Auschwitz
Impensable. Choquant. Horrible.» Les premiers mots des collégiens sur le site d’Auschwitz-Birkenau sont lapidaires. Tout juste arriventils à élaborer des phrases devant l’immensité de la barbarie humaine. À l’occasion du 76e voyage de la mémoire organisé par le conseil départemental des Alpes-Maritimes, 150 collégiens (1) et six conseillers départementaux (2) ont foulé le sol gelé du camp d’extermination le plus tristement connu.
Triste sens
Avant de s’engouffrer par la porte de la mort, les élèves observent les rails. « Les hommes et les femmes arrivaient par convois avant d’être acheminés vers la rampe de sélection », explique la guide. Rampe de sélection, solution finale, processus de déshumanisation. Les notions abstraites apprises dans les livres d’Histoire prennent tous leur sens sur le sol polonais. Les groupes de collégiens se séparent sur les 175 hectares d’Auschwitz-Birkenau. Les sanitaires, les dortoirs, les baraquements s’enchaînent. Les histoires horribles aussi. «Ça fait froid dans le dos», lâche Tom Lebreton, en 3e au collège Capron de Cannes. «On va essayer de faire un exposé vidéo pour rendre compte aux élèves qui n’ont pas pu venir», explique Gabriel Bollereau, tablette à la main. Dix-sept élèves par classe ont été choisis sur lettre de motivation. Avec ce 76e voyage de la mémoire – le dernier de l’année – près de 14000 collégiens ont été confrontés aux heures les plus sombres de l’Histoire depuis 2003. Pour Fanny Giacalone, élève au collège Capron, cette visite prend un sens particulier. «Mon arrière-grand-père était dans la Résistance, il a aidé à sauver des Juifs et quand je vois ce camp, je comprends mieux pourquoi.»
Trop d’émotion
Les adolescents se dirigent vers la rampe de sélection. De chaque côté, les chambres à gaz. Le zyklon B. La mort par asphyxie. Près de 1,3 million de personnes perdront la vie en pensant prendre une douche. Devant le mémorial, les élèves prennent la parole pour rendre hommage aux victimes. Puis direction Auschwitz 1 et son entrée soulignée par cette inscription: «Arbeit Macht Frei», le travail rend libre. Les baraquements transformés en musées se succèdent. À l’intérieur, des objets personnels, des piles de cheveux, de chaussures, des murs de photographies. «J’ai essayé de ne pas rester trop longtemps dans les salles pour ne pas me laisser submerger par l’émotion», confie Sandra Milosevic du collège Gérard-Philipe de Cannes. La visite du four crématoire devient insupportable pour certains. À la nuit tombée, le silence se fait. Pourtant, Sandra et ses copines de l’atelier presse devront raconter, comme leurs camarades, ce voyage de la mémoire. Pour ne pas oublier.