Stop au burn out des chefs d’entreprise Dossier
Si la prise en charge des risques psychosociaux des salariés est dotée de dispositifs de soutien, ce n’est pas le cas des dirigeants d’entreprise, des cadres supérieurs
On parle souvent du burn out. Surtout des salariés. Mais rarement celui des dirigeants, des personnes à responsabilité comme les responsables syndicaux ou encore d’association. C’était le sujet du colloque organisé il y a quelques jours au CUM à Nice par Margareth Barcouda, présidente de l’association Stop Burn out. Parmi les intervenants, Jean-François Steunou, pdg de Praxinova, spécialiste des risques psychosociaux en entreprise; Marielle Walicki, avocat en droit des affaires et auteur de l’ouvrage Les Risques psychosociaux à l’hôpital (éd. Lamarre). Leurs réflexions sur le sujet.
Quelle est la définition du burn out? Le burn out n’est pas une maladie mais un syndrome. D’ailleurs, en français, on parle de syndrome d’épuisement professionnel. C’est un ensemble de phénomènes qui, cumulés, donnent une situation pouvant amener une personne à se retrouver aux urgences. Burn out, littéralement, c’est brûlé complètement de l’intérieur. Plus de vitalité, plus de capacité à mobiliser ses ressources. Et cela peut mener à la dépression. La définition donnée dans le Journal officiel du octobre , est : « Un syndrome caractérisé par un état de fatigue extrême, tant physique que mental, attribué à la profession exercée et aux conditions de son exercice. » Le burn out affecte la sphère professionnelle et peut aussi apparaître dans le bénévolat, le syndicalisme. Il se résume en un mot : l’engagement. L’engagement est une ressource pour l’entrepreunariat, le syndicalisme et les associations. Lorsqu’on est acteur de ces secteurs, il est important de se mobiliser. C’est une question de valeurs. Savoir Patricia Vazzone de Valeur ajoutée RH. pourquoi on se lève tous les matins et qu’on donne à % de son temps. C’est la mauvaise appréhension et gestion de l’engagement qui sont négatives. Parfois, la situation pousse une personne à se surengager. Quand la concurrence lui taille des croupières, le dirigeant doit agir. Quand des salariés ne vont pas bien, le syndicaliste doit s’en occuper. C’est pareil dans une association. Le burn out est lié au stress chronique, régulier, permanent et durable dans lequel on ne peut plus s’extraire. C’est normal qu’il y ait du stress au travail. L’organisme est conditionné pour réagir à des stimuli extérieurs et se défend en puisant dans ses ressources qu’elles soient extérieures (amis, collègues…) ou intérieures de vitalité, de compétences, d’intelligence et de valeurs. Lorsque les maillons de cette chaîne de
«En faisant un point. La personne souhaite-t-elle reprendre l’activité dans la même entreprise ? Au même poste ? A mi-temps thérapeutique ? Veutelle changer de secteur pour se réinvestir dans d’autres possibilités ? Lors d’entretiens, j’approfondis ses motivations et capacité à réaliser un bilan professionnel et ressources tombent (les moyens, la reconnaissance patronale, le soutien des collègues…), et ne sont plus en ligne avec l’engagement, cela devient intenable. Quand il n’y a plus de reconnaissance sociale, les burn outs apparaissent.
Quels en sont les symptômes ? La perte progressive des capacités de productivité et d’analyse. Autre symptôme, l’irritabilité. On se sent agressé par l’extérieur, on est moins productif et on perd pied. On se retranche dans un cynisme : «On fait un boulot de m… » alors qu’on l’aimait avant. Ensuite, on n’a plus d’énergie. Aujourd’hui, on demande à un dirigeant de veiller à la sécurité financière, juridique de son entreprise, à la santé de ses employés… Il doit tout savoir faire. On a une image suridéalisée d’un patron qui ne faillit jamais. À cela s’ajoute l’état du droit : le dirigeant doit connaître le droit du travail, fiscal, le management, faire du de compétences. Si elle souhaite changer de domaine, je l’aide à faire une enquête métier pour la confronter à la réalité de la profession. Il faut aussi savoir qu’un salarié qui a fait un burn out culpabilise vis-àvis de ses collègues. Il faut le redynamiser et le renarcissiser en lui rappelant ses compétences, son parcours qu’il soit professionnel ou privé, ses valeurs, ses motivations. Une vingtaine d’heures d’entretien sont nécessaires pour faire émerger un projet professionnel. » financement. Il ne peut pas tout savoir et dans une TPE, il n’a pas forcément les moyens d’avoir un avocat spécialisé… Il a le droit mais celui-ci ne lui donne aucun droit à l’erreur. La santé psychique et physique d’un responsable est importante. D’autant que ce dernier est souvent dans le déni de sa propre difficulté et c’est très préjudiciable pour la performance opérationnelle de ses collaborateurs, les résultats et la stabilité de l’entreprise. Un patron en burn out, c’est % d’activité en moins l’année suivante. En dehors de la médecine du travail, qui se préoccupe de l’état de santé des dirigeants, cadres supérieurs, responsables syndicaux et d’association ? Le rôle de l’association Stop Burn out est de mobiliser les relais (syndicaux, juridico-légal, de santé, les unions patronales, les CJD…), de les sensibiliser en partageant les bonnes pratiques, en faisant du mentorat entre patrons. On veut qu’ils échangent autour de leurs reconnus en 2015. Le rapport de l’Académie nationale de médecine ne propose aucun dénombrement précis mais estime que le nombre de 100 000 personnes victimes d’épuisement professionnel relève d’une évaluation « très sérieuse ».
L’Institut de veille sanitaire a estimé pour sa part que le burn out concerne environ 7 % des 480 000 salariés en souffrance psychologique liée au travail, soit un peu plus de 30 000 personnes. En 2014, un cabinet a publié une étude faisant apparaître que 3,2 millions de salariés français – soit plus de 12 % de la population active – présenteraient un « risque de burn out ». Cette étude a cherché à évaluer le surengagement dans le travail à travers l’analyse de réponses à 10 questions visant à apprécier le « risque de burn out » que présente le répondant, à travers deux indicateurs : le travail excessif et le travail compulsif. Le pourcentage est plus élevé encore chez les agriculteurs exploitants (23,5 % de l’effectif), chez les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (19,7 %) et les cadres et professions intellectuelles (19 %).
difficultés et formulent des propositions. Le dirigeant qui est en situation de préburn out n’a souvent pas l’idée de demander de l’aide. D’où l’importance de faire de la prévention. Et c’est à Stop Burn out de le faire. On va engager une étude pour qualifier le risque et nous proposeons des stages réévaluant notre rapport au travail. À noter l’initiative du tribunal de commerce de Bordeaux qui a mis en place une cellule de suivi psychologique gratuite pour les dirigeants d’entreprises en difficulté et qui en a déjà aidé au bord du suicide. Pourquoi ne pas la dupliquer ici ? « Le conseil des prud’hommes de Nice ne traite pas moins de affaires par an,
Et il n’y a quasiment pas de cas de burn out car la loi ne prévoit pas cette problématique. Très peu de situations de burn out arrivent aux prud’hommes puisque ce n’est pas plaidable. » Daniel Descotes.
« On s’engage et on est son propre chef. Si certains peuvent profiter du système, d’autres culpabilisent de ne pas en faire assez et vont jusqu’à l’effondrement. C’est la même chose dans le milieu associatif »,