« Je ne veux pas raisonner à partir des mesures déjà expérimentées »
Votre campagne est difficile… Il y a encore quelques semaines, personne ne pensait que je puisse gagner la primaire. Moi comme Fillon avons déjoué les pronostics parce que nous portons un projet cohérent, fidèle aux valeurs de notre parti. Je ne veux pas raisonner à partir de la palette des mesures déjà expérimentées. J’invite les Français à voter pour ce que je propose, et en lequel je crois, et non contre quelqu’un. Notre pays vit des transitions qu’il nous faut maîtriser et non subir. Dire qu’il faut avoir peur de Marine Le Pen ne suffit plus... Si c’est le seul discours qu’on a à lui opposer, elle arrivera au pouvoir.
Mais la gauche avance aujourd’hui désunie dans cette présidentielle… J’ai trouvé un accord avec Yannick Jadot. C’est la première fois que les écologistes n’auront pas leur propre candidat à la présidentielle depuis . On ne peut plus être socialiste aujourd’hui sans être écologiste, la question environnementale est une question sociale. J’ai fait par ailleurs des démarches auprès de Jean-Luc Mélenchon, mais il m’a dit qu’il n’avait pas l’intention de se désister. Ça ne m’empêchera pas de parler aux électeurs, à défaut des appareils. Je suis confiant.
Les poids lourds du gouvernement désertent cependant votre campagne… Ceux qui me laissent en carafe disent que la lutte contre le FN est leur priorité. Mais si on ne respecte pas le verdict de la démocratie, le verdict de la primaire, comment voulez-vous lutter contre le FN ? En , j’ai été loyal avec François Hollande, même si je n’étais pas d’accord avec tout ce qu’il proposait. Certains sont aujourd’hui dans le coup d’après et nous affaiblissent. Cela choque quantité d’électeurs qui m’écrivent pour me le dire.
Redoutez-vous malgré tout un vote utile Macron contre le FN… Je n’y crois pas. La politique de diminution de la protection sociale qu’il propose a, partout en Europe, accéléré la montée des extrêmes. L’indifférenciation droite-gauche n’est pas une bonne manière de répondre à l’imagerie proposée par Marine Le Pen. Nous ne sommes pas arrivés à un stade où nous pourrions dépasser le clivage droite-gauche. Mitterrand disait très justement que le centre n’est « ni de gauche, ni de gauche ». Le projet de Macron est un projet gris qui va se dégonfler. Quand il propose la liberté des écoles à choisir leurs enseignants, les meilleurs iraient forcément dans les meilleures écoles et ça renforcerait les inégalités. Cela reviendrait à une libéralisation de l’enseignement.