Monaco-Matin

Avec l’Orchestre de Francfort, le «Printemps» fait fort!

Fantastiqu­e ouverture du Printemps des arts, hier soir, avec la symphonie du même nom

- ANDRÉ PEYREGNE

Ça y est, on est entré dans le printemps. Dans le «Printemps des arts », s’entend ! Le festival s’est ouvert hier soir au Grimaldi Forum avec l’Orchestre de la Radio de Francfort en Allemagne. Quatre semaines d’aventures musicales nous attendent. À la bonne heure ! Dès hier soir, l’Orchestre de Francfort a fait fort. Il s’est emparé de la Symphonie Fantastiqu­e de Berlioz – cette oeuvre délirante dans laquelle le compositeu­r imagine qu’il a tué la femme qu’il aime, a été guillotiné et se retrouve en enfer. Des cloches d’église sonnent au milieu de l’orchestre, les violons se répandent en pizzicatos sataniques, on entend passer le « Dies Irae », un hautbois pastoral joue depuis les coulisses. Il y a du fantastiqu­e à toutes les mesures. Il n’est pas donné à tous les chefs d’orchestre de maîtriser une telle oeuvre. Le chef Andres Orozco-Estrada l’a fait excellemme­nt. À la tête de l’orchestre allemand, il a donné une dimension wagnérienn­e à la symphonie de Berlioz. Interpréta­tion grandiose, solidement phrasée, impression­nante dans l’éclat comme dans le frisson – en un mot fantastiqu­e. Mais – et c’est ce qui fait le charme et la diversité du Printemps des arts – nous avons également eu droit hier soir à la création mondiale d’une oeuvre de musique contempora­ine : Aquateinte du compositeu­r suisse Michael Jarell. Le compositeu­r était dans la salle. Jarrel, pas Berlioz !

Une épreuve olympique

Cette oeuvre, qui est un concerto pour hautbois et orchestre, a elle aussi un aspect fantastiqu­e. On imagine le vol d’un oiseau nocturne audessus de la forêt sonore de l’orchestre : un vol tantôt éperdu, tantôt planant, haletant ou serein – le vol d’un oiseau de feu ou le chant amoureux d’un oiseau de charme auquel répondent les trilles de l’orchestre. L’oeuvre est une épreuve olympique pour le soliste qui la joue. Il n’a pas une seconde de répit. N’importe qui y perdrait son souffle. Mais le soliste d’hier soir, qui était l’excellent François Leleux, s’imposa avec une formidable aisance. Vous l’avez compris, le Printemps des arts a bien commencé. Très bien même. Il n’y a pas de raison que ça ne dure pas. Nous avons consulté la météo des arts : le temps est au beau fixe !

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(Photo Cyril Dodergny) À la tête de l’orchestre, le chef Andres Orozco-Estrada a donné une dimension wagnérienn­e à la symphonie de Berlioz.

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