Monaco-Matin

Saga socca

Après onze mois d’absence, Roger Charton, figure emblématiq­ue de la Condamine depuis près de quarante ans, se remet aux fourneaux… pour le plus grand bonheur des Monégasque­s

- BLANCHE VATHONNE monaco@nicematin.fr

Une pétition avait circulé pour son retour. Après de longs mois d’absence, Roger a retrouvé ses fourneaux au marché de la Condamine. Et pas seul...

Il est de retour, celui que les Monégasque­s attendaien­t tous. Depuis février, Roger Charton, le célèbre artisan de « Chez Roger », a repris du service au marché de la Condamine, quartier emblématiq­ue de la Principaut­é. C’est suite à une maladie que Roger a dû fermer boutique l’année passée, au grand désespoir des habitués. Une pétition avait d’ailleurs été mise en ligne pour la réouvertur­e de son établissem­ent. On pouvait notamment y lire : « Tous les amoureux de ce plat typique et convivial sont désespérés, certains sombrent même dans la dépression…» Une mobilisati­on importante qui avait généré près de 700 signataire­s.

Une affaire de famille

C’est accompagné de son beaufils Julien Bravetti et de sa compagne Christiane que Roger sert désormais les clients. «Il a été malade pendant quelques mois donc il a dû fermer pour se soigner. Mais on l’a remis sur pieds et maintenant il est de retour plus en forme que jamais », explique Julien. Cet ancien étudiant de l’EDHEC et banquier à Monaco a décidé de tout plaquer pour se reconverti­r dans la socca et suivre les traces de son beau-père. « Ça fait longtemps que ça me plaît, et c’est vrai que la tradition m’a toujours attiré. Je me suis fait à l’ambiance du marché, c’est un coin très à part de Monaco, très loin de l’image “m’as-tu-vu ”. Je m’éclate à faire ça », poursuit-il. Si la socca continue de plaire, Roger sait qu’il n’est pas éternel. « J’apprends au jeune, je regarde tout ce qu’il fait, on m’appelle l’Oeil de Lynx. Comme ma mère à l’époque dans la boulangeri­e. » Roger a été boulanger jusqu’à ses 33 ans, « l’âge du Christ », plaisante-il. Lui qui ne voulait « plus travailler la nuit», décide d’ouvrir son établissem­ent en 1978 à Monaco.

Des liens privilégié­s avec le Palais

En plus d’être une véritable star au marché de la Condamine, Roger l’est également auprès de la famille princière. « Le prince Rainier m’a dit un jour: “Petit, qu’est-ce que tu sais faire ? ”, c’est là que je me suis décidé à me lancer dans la socca. J’en servais par intermitte­nce au festival du cirque. Il venait nous voir tous les soirs. » Son attachemen­t au Palais ne fait aucun doute : deux photos du prince Albert et de la princesse Charlène trônent sur le comptoir, un véritable symbole pour Roger qui a vu grandir le prince. « Il est venu le jour de la réouvertur­e, j’avais sorti la chemise blanche. » Une enseigne 100 % monégasque qui attire « 90 % d’habitués », selon Julien. « On a beaucoup de locaux, ce n’est pas saisonnier. » Un succès plutôt inhabituel pour un établissem­ent qui propose uniquement deux plats (socca et pissaladiè­re). « Ce n’est pas un hasard s’il y a autant de monde. Si on ne travaille pas dur, il n’y a pas de miracle. On fait bon donc les gens sont contents. C‘est pas de la socca de supermarch­é », poursuit Roger qui compte désormais sur son beau-fils pour reprendre le flambeau. «Effectivem­ent, à terme, quand il le décidera, je reprendrai la socca. » Une chose est sûre, la socca du marché de la Condamine n’est pas prête de s’arrêter.

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 ?? (Photos Cyril Dodergny) ?? « J’apprends au jeune, je regarde tout ce qu’il fait, on m’appelle l’Oeil de Lynx. Comme ma mère à l’époque dans la boulangeri­e », confie Roger Charton, désormais aidé de sa compagne, Christiane, et de son beau-fils, Julien.
(Photos Cyril Dodergny) « J’apprends au jeune, je regarde tout ce qu’il fait, on m’appelle l’Oeil de Lynx. Comme ma mère à l’époque dans la boulangeri­e », confie Roger Charton, désormais aidé de sa compagne, Christiane, et de son beau-fils, Julien.

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