Grasse : le si difficile retour sur les bancs du lycée Tocqueville
Quatre jours après la fusillade du lycée Tocqueville de Grasse, les élèves sont de retour en cours. Agacés par la cohue médiatique, ils n’aspirent qu’à revenir à la vie normale
Hier matin, au lycée Tocqueville, la horde de caméras devant les grilles de l’établissement ne faisait plus vibrer personne. Ceux qu’on entendait, jeudi, envier un camarade de classe qui était passé à la télé, « T’imagines ? C’est trop stylé », ont revu leurs discours et ne veulent plus apparaître nulle part. « Viens, on va là où on ne sera pas filmé », entend-on.
«Onsesent espionné »
« Il y a plus de journalistes que d’étudiants devant le lycée », se plaint une jeune fille. « C’est perturbant, on se sent espionné, c’est super lourd, explique un autre. On essaie d’oublier mais tout le monde est là pour nous rappeler ce qui s’est passé .» « Le droit à l’image, vous connaissez ? », explose une lycéenne. Les traits sont tirés. Les jeunes sont fatigués. Épuisés de se passer les mêmes images en boucle depuis jeudi. Exténués de raconter toujours la même chose. Et le week-end n’y a rien fait. Tous le décrivent comme « particulier ».« Je suis restée couchée pendant deux jours à discuter avec tous les élèves de ma classe sur un groupe Facebook, explique Juliette, élève en 1ère On se demandait comment on allait. ». Certains, au contraire, ont fait la fête. « Je suis allée à un anniversaire pour me changer les idées », explique Christophe, étudiant en BTS2. Lucas, lui, a révisé. Il est 8 heures, il est maintenant temps d’aller en classe. Et donc de retourner dans l’établissement. Avant d’y arriver, « Préparez vos sacs et vos carnets s’il vous plaît », demande un membre de l’équipe. À la grille, personne ne passe sans avoir présenté son carnet de correspondance. Et gare à ceux qui ne l’ont pas sur eux. « C’est bien, pour une fois, ils regardent vraiment. D’habitude on peut passer avec celui d’un autre ou bien même sans », se moque un élève. Vient ensuite l’inspection de tous les sacs par les membres de la sécurité prévention de l’académie de Nice. « On le faisait déjà depuis septembre, mais de manière aléatoire », précisent deux assistantes d’éducation à la vie scolaire. Des mesures provisoires qui rassurent les jeunes traumatisés et que certains voudraient voir pérenniser. « On ne s’est jamais vraiment senti en sécurité », avouent deux élèves de BTS.
Écrire pour faire sortir les émotions
12 heures. La première matinée de cours est passée. Les élèves sortent déjeuner. «La prof a proposé qu’on prenne le temps avant de reprendre les cours mais on a tous voulu recommencer normalement pour essayer de mettre ça de côté », explique un élève de terminale TSL. D’autres ont couché leurs mots sur papier, « juste pour évacuer et ça fait du bien», reconnaît Kilian, «avec un seul L s’il vous plaît», précise-t-il tristement.