Monaco-Matin

« Les petits secrets » d’un agresseur sexuel niçois

- CH. P.

Thomas avait 13 ans quand il a subi l’agression sexuelle d’un adulte. Lors d’un procès à Nice qu’il a souhaité public, il se remémore cette nuit d’août 2008 avec d’infinis détails. « Il a gâché sept ans de ma vie », résume ce jeune homme de 22 ans, lundi, devant le tribunal correction­nel. L’adolescent vivait avec sa mère et son beau-père sur un bateau amarré au port de Nice. Alain M, 63 ans, instructeu­r de navigation réputé, s’est lié d’amitié avec le couple. Jusqu’au jour où le sympathiqu­e sexagénair­e héberge Thomas à son domicile. La soirée se révèle être un piège pour l’adolescent encore candide. « Alain est sorti nu de la douche, raconte la victime. Quand ce fut mon tour, il me regardait avec insistance. Lors du repas, il me posait des questions à caractère sexuel. Ça commençait à me paraître bizarre… » Sur le lit, devant la télévision, l’adulte se livre ensuite à des caresses.

Précédente condamnati­on

Cheveux blancs, teint rubicond, le prévenu subit le feu roulant des questions de la présidente Laurie Duca. Il nie tout bafouillan­t : « Thomas ne ment pas mais il brode. » Rongé par l’agression, Thomas traînait son mal-être comme un boulet jusqu’à ce que la dépression le pousse à déposer plainte. Devant les dénégation­s du prévenu, la présidente lit in extenso une conversati­on téléphoniq­ue enregistré­e par la victime. « Je ne dis pas que tu m’as violé mais tu t’es masturbé », lui reproche le jeune homme. « Après la douche, on a été réglo », répond l’adulte, qui laisse supposer un consenteme­nt. « C’est notre petit secret », aurait confié Alain M le lendemain matin de l’agression, ce qu’il conteste lors des débats. « En 2013, c’est déjà ce qu’il avait dit à une autre victime », note Me Anaïs Delanchy, avocat de la partie civile. Parce qu’Alain M. a déjà eu maille à partir avec la justice, condamné pour agression sexuelle sur mineur à 8 mois de prison avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve. Fort de l’enregistre­ment téléphoniq­ue, Le procureur Brigitte Funel n’a aucun doute sur la véracité des faits. « Thomas n’a jamais varié d’un iota dans ses déclaratio­ns. Alain M. a trahi la confiance des parents de Thomas », souligne le magistrat qui requiert 18 mois dont un an ferme. Me Delphine Geay, avocat de la défense, évoque « un problème d’interpréta­tion des faits »:« Alain sait qu’il n’a pas eu un comporteme­nt adéquat mais il pense que ses gestes ont été mal interprété­s. » Le tribunal correction­nel a condamné hier aprèsmidi l’instructeu­r à un an de prison dont six mois avec sursis et trois ans de mise à l’épreuve. Une peine aménageabl­e qui comporte l’obligation de se soigner et d’indemniser sa victime.

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