Monaco-Matin

L’Amérique du Sud à vélo en moins de  jours!

L’Azuréen Axel Carion et le Suédois Andréas Fabricius viennent de battre le record de la traversée à vélo du continent sud-américain. Retour sur un exploit

- MICHEL DIVET mdivet@nicematin.fr

Traverser à vélo l’Amérique du Sud, du nord au sud, en seulement 49 jours 23 heures et 43 minutes, cela peut paraître incroyable. Et pourtant l’Azuréen Axel Carion, 31 ans, sportif touche à tout partageant son temps entre Nice, La Colle-surLoup et Vence, et son complice suédois Andréas Fabricius l’ont fait ! Entre le 2 janvier et le 20 février, ils ont relié Carthagène en Colombie à Ushuaia en Argentine à la seule force du mollet. Quelque 10 685 kilomètres avec pas moins de 76000 mètres de dénivelé cumulé ont ainsi été parcourus par des températur­es parfois extrêmes, oscillant de - 5 degrés à + 45 ° Celsius. Le tout en achevant leur exploit par une ultime journée de… 417 kilomètres! Le précédent record établi en 2010 a ainsi été battu de huit jours, propulsant nos deux sportifs sur l’Olympe de la petite reine…

« Des grêlons comme des balles de tennis »

« Affronter le continent sud-américain, c’est s’exposer à des conditions climatique­s extrêmes, avec des températur­es oscillant de - 5 degrés à + 45 ° Celsius, des vents puissants, de la neige, de la grêle, des orages d’altitude...», souligne Axel Carion qui se remet petit à petit de sa folle course. Entre Chili et Argentine en passant par le Paso de Jama, le binôme franco-suédois a franchi trois cols à 4 800 mètres d’altitude « après avoir passé la nuit dans une tempête de neige et un orage d’altitude redoutable ». Mieux, en Patagonie, Axel et Andréas À deux dans les grands espaces, c’est plus sympa mais pas moins difficile.

ont failli se transforme­r en tennismen sur roues: « Nous avons essuyé un orage de grêle avec des balles de tennis nous tombant sur la tête, avec un vent de face tel qu’il était impossible de pédaler à plus de 7 kilomètres par heure… » Et encore, nos héros du bitume ne parlent pas des autres embûches inhérentes à ce type de défi : intoxicati­ons alimentair­es, matériel qui lâche… « Cela dit, cela permet de réaliser de belles rencontres : allez trouver un réparateur en Europe prêt à bosser sur vos bécanes de 21h à minuit en le prévenant seulement une heure avant

votre arrivée… Eh bien, en Argentine, c’est possible ! »

 heures à s’entraîner sur la Côte d’Azur

Pour réussir, nos nouveaux recordmen n’avaient lésiné sur rien: matériel ultraléger (15 kg tout compris, vêtements, casques, vélo et tente) et préparatio­n physique intense, avec notamment «un rythme travaillé en commun pendant 600 heures sur la Côte d’Azur ». Après une période de repos bien mérité, les deux champions s’engageront dans la préparatio­n de la course cycliste « ultramarat­hon » la plus

verticale du monde, l’IncaDivide, organisée par leur société, «Bikingman ». En juillet prochain, les concurrent­s devront parcourir 3 500 kilomètres sans étape, entre Quito (Équateur) et Cuzco (Pérou), avec une limite de 26 jours. « Sans assistance, les compétiteu­rs venus d’Australie, d’Amérique du Sud et d’ailleurs ne devront compter que sur eux-mêmes pour gérer alimentati­on et repos, sur un parcours qui ne compte pas moins de 6 cols à plus de 4 000 mètres d’altitude », préviennen­t les organisate­urs qui en connaissen­t aujourd’hui un rayon en matière Au-delà de l’exploit purement sportif, la démarche d’Axel et Andréas s’inscrit également dans d’autres champs. «Ce type de traversée « métaboliqu­e » nous permet de promouvoir la migration longue distance à vélo, sans pétrole, et de montrer qu’il est possible de voyager en utilisant son corps plutôt que les moyens de transport traditionn­els », soulignent les deux hommes. La grande traversée aura également été l’occasion de pédaler pour la bonne cause. « Andréas et moi sommes ambassadeu­rs de l’ONG Pompiers Sans Frontières (PoSF), basée à Aix-en-Provence, rappelle Axel. Le défi a aidé à financer des tenues de protection contre le feu pour une caserne au Chili qui manquait cruellemen­t de matériels, notamment durant les récents incendies de grande ampleur qu’a subis le pays ». Ce partenaria­t remonte aux liens particulie­rs établis par Axel avec les pompiers d’Amérique du Sud, lors d’une précédente traversée à vélo, du continent en 2015, où il avait dormi près de 27 nuits dans différente­s casernes.

de dépassemen­t de soi. Les « forçats du Tour» des années 20, chers à Albert Londres, ont trouvé leurs successeur­s.

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(Photos David Styv)
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