Monaco-Matin

À Toulon, on voit le flacon à moitié plein

Patron du salon de coiffure Dessange sur l’avenue Vauban, dans la haute-ville toulonnais­e, Romuald Cozat aborde tous les sujets politiques. Et garde foi dans les atouts du pays

- SIMON FONTVIEILL­E

Aquelques semaines de l’élection présidenti­elle, nous plaçons les électeurs au coeur de la campagne. Chaque jour, un lecteur nous sert de guide dans son environnem­ent (quartier, immeuble, associatio­n, club, entreprise, commerce) à la rencontre de ceux qui en sont acteurs. Ils commentent la campagne présidenti­elle, l’attitude des candidats, évoquent leurs conviction­s, leurs doutes, leurs attentes. Leurs coups de gueule aussi. Aujourd’hui, tour d’opinions dans le salon de coiffure de Romuald Cozat.

« Vrooooo ! » Les sèche-cheveux se lancent dans des brushings olympiques tandis que les pinceaux appliquent avec soin les lotions sur les chevelures. Il est un peu plus de 9 h, hier matin, et les premières clientes sont déjà installées dans les fauteuils du salon Dessange. Au 104 avenue Vauban, à un jet de pierre de la place de la Liberté, le boss, Romuald Cozat, est plutôt matinal. Mais à quel prix ! « Hier, j’ai regardé le débat entre les candidats, mais je me suis endormi sur la fin... » Bon, passons pour cette fois. Il est vrai que ledit débat, en direct sur TF1, a duré plus de 2 h 30. Soit presque autant qu’un épisode du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, c’est dire. Mais enfin, endormi ou pas, ce n’est pas ce qui empêche Romuald Cozat d’être plutôt optimiste. « Les candidats je les sens plutôt au niveau, et même supérieurs à ce qu’on a pu voir aux États-Unis... » Si, pour ce garçon coiffeur devenu patron de son salon, la priorité doit aller à « l’allégement des procédures administra­tives », «àla baisse des charges » et à la simplifica­tion d’un Code du travail jugé trop « contraigna­nt », il présente également quelques des atomes crochus avec JeanLuc Mélenchon. « La règle verte, j’y suis très sensible. Je suis père de deux enfants en bas âge, je fais le tri sélectif. » Pour Hamon, on repassera. « Le revenu universel, ce n’est pas ma philosophi­e, j’ai toujours bossé. Et puis je pense que la France n’en a actuelleme­nt pas les moyens. » Autant de sujets de fond qui sont parvenus à se frayer un chemin dans le débat public malgré les « affaires ». « Pour moi ce sont tous des escrocs », lâche Ludovic Prenat, un coiffeur du salon. Hamon et Mélenchon n’ont pas encore d’affaires, mais je pense que ça va pas beaucoup tarder. » Alors quel ancien homme d’État pourrait bien prendre en exemple notre futur président pour essayer de s’en sortir ? Danielle, une cliente de 80 printemps, glisse quelques pistes. « Sous Pompidou, ça allait bien. Après, même si je ne suis pas socialiste, Mitterrand était un homme brillant ! » Mais pour redresser la barre du navire France, presque tous les citoyens réunis dans le salon Dessange ont leur idée. «Légaliser la marijuana à titre récréatif comme on le voit dans certains pays, ça pourrait peut-être relancer l’économie », tente Ludovic. «Il faut alléger les impôts, s’occuper de la pauvreté qu’il y a dans le pays avant de s’occuper des migrants, même si leur situation est terrible », estime Vanessa Demarquet, hôtesse de l’air qui se fait faire des mèches. « Et s’occuper de la sécurité, des policiers, on n’en voit pas forcément partout...» Trop dur ? Romuald y croit en tout cas. « La France a plein d’atouts. La culture, la gastronomi­e, et bien sûr, la coiffure ! »

J’ai toujours bossé...”

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(Photos Dominique Leriche) Entre une couleur et une permanente, Romuald se plaît à papoter sur cette campagne électorale hors normes.
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