Monaco-Matin

Mercy, , kilos, venue au monde à bord de l’Aquarius

Dans un incroyable signe du destin, sa maman rescapée de l’enfer libyen lui a donné vie, hier vers 8 h du matin, alors que le bateau accostait en Europe

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Trois kilos sept cents grammes de bonheur, d’espoir. La petite Mercy (« Miséricord­e ») a dit bonjour à la vie peu après 8 heures hier matin. Sa maman, Taiwo, est une Nigériane rescapée de l’enfer libyen. Au même instant l’Aquarius accostait en Europe, en Sicile plus exactement. La clinique du bateau a abrité cet accoucheme­nt si riche en symboles. « Une

fille ! » Les yeux brillants d’émotion à l’annonce de la nouvelle, les humanitair­es de SOS Méditerran­ée et de Médecins sans frontières n’ont donc pas ramené 946 migrants, sauvés des eaux au large de Tripoli, mais 947. Dont 249 mineurs.

  personnes sauvées au large de Tripoli en  h

C’est une mission hors normes qui s’achève pour l’Aquarius. Un sauvetage massif, inédit, de près de mille migrants en douze jours de navigation. En 24 heures, entre samedi et dimanche, près de 3 000 personnes ont été sauvées au large de Tripoli, à la fois par l’Aquarius, d’autres ONG, et les gardes-côtes italiens. Mais des bateaux de migrants manquaient hélas à l’appel. Rappelons que plus de 5 000 migrants sont morts noyés l’année dernière, la plus meurtrière de cette crise migratoire. « La situation

reste absolument critique en Méditerran­ée », commente Sophie Beau, directrice générale de SOS Méditerran­ée France. « Face aux départs massifs dès qu’une fenêtre météo le permet, il faut augmenter la capacité de sauvetage en mer ! La priorité absolue de tous les États, de toutes les agences et de toutes les institutio­ns européenne­s, doit être la préservati­on de la vie humaine ; des milliers de vies en dépendent », précise-t-elle. Des chants, des cris de joie, ont retenti hier sur l’Aquarius lorsque le lever du jour a dévoilé les contours du port de Catane. Dans les yeux de ces Guinéens, Maliens, Ivoiriens, Gambiens, Sénégalais, on lisait le désir d’Europe, de liberté, après des mois, des années d’errance et souvent de tortures. Une nouvelle page de leur tragique itinérance s’ouvre désormais. Comment Mercy, et ces boat people du XXIe siècle, vont-ils trouver leur place dans ce monde trop souvent cynique ? Tant de questions, si peu de réponses. Mais tellement d’amour dans tout ça.

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(Photos Patrick Bar/SOS Méditerran­ée) Mercy, à peine une heure de vie, avec sa maman Taiwo, l’oncle de la petite et les sages-femmes de Médecins sans frontières, Martina Svensson et Elizabeth Ramlow.
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Par Grégory Leclerc, envoyé spécial à bord de l’« Aquarius »

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