La rencontre entre Catherine et Catherine
Après Séraphine et Violette, Martin Provost s’attache une nouvelle fois à des figures féminines pour son nouveau film, Sage femme. Sans trait d’union car il y est question de deux femmes : l’une plus sage et l’autre plus femme. Martin Provost y orchestre la rencontre inédite et spectaculaire de Catherine Deneuve et de Catherine Frot. Catherine Frot, est Claire une sage-femme dévouée aux autres mais refermée sur elle-même qui va voir sa vie bouleversée par le retour inopiné de Béatrice (Catherine Deneuve), ancienne maîtresse de son père, avec laquelle ils ont vécu quelques années et qui a disparu un jour de leur vie sans prévenir. Son père ne s’en est pas remis. Bonne vivante et fantasque, joueuse invétérée, Béatrice est l’exacte opposée de Claire. Mais son retour va obliger cette dernière à s’ouvrir un peu plus à la vie… Martin Provost explique avoir voulu mettre en scène une sagefemme car l’une d’elles lui a sauvé la vie en lui donnant son sang à la naissance : « Je voulais rendre hommage à leur travail en filmant de vrais accouchements [Catherine Frot a dû faire une formation pour remplacer la sage-femme au dernier moment Ndlr]. Mais c’était aussi le prétexte à une fable inspirée de La Cigale et la fourmi en moins violent. Dans ce film, j’essaie de dire que nous nous devons tous d’être à la fois un peu cigale et fourmi. Tout oppose Claire et Béatrice, mais peu à peu, cette opposition devient source de complémentarité, d’échange, de sagesse. » Catherine Frot et Catherine Deneuve incarnent à merveille ces deux tempéraments opposés : « Elles ressemblent à leur personnage, constate le réalisateur. Deneuve est épicurienne et pleine d’humour. Frot est plus réservée et sérieuse. C’était étonnant de voir que le sujet du film se jouait aussi sur le plateau. Mais elles se sont très bien entendues. »Le duo, en tout cas, tient ses promesses. Mais Olivier Gourmet, qui joue l’amoureux de Claire, parvient à tirer aussi son épingle du jeu, dans un rôle solaire comme il en a peu joué jusqu’ici. « C’est le « sage-homme » de l’histoire, indique Martin Provost. Il était si convainquant dans les scènes où il exprime son amour à Claire que Catherine Frot en était bouleversée. Et c’était le seul à oser tutoyer Catherine Deneuve ! » La scène où Béatrice conduit son camion (le personnage est chauffeur routier) a dû être truquée : « C’était moins dangereux de faire accoucher des mamans par Catherine Frot que de laisser Deneuve conduire un engin pareil ! », avoue en riant le réalisateur.