Monaco-Matin

Un an de loyer offert à une famille de Nice

Un an de loyer est offert à une mère et son fils pour les sortir d’un squat insalubre. Les bénévoles de l’associatio­n monégasque leur ont remis les clefs du nouvel appartemen­t

- FIONA GARFAGNINI

Je pensais à rien, c’était beau, je n’y croyais pas. Dans ce monde, personne n’aide l’autre.» Les yeux remplis de larmes, Hakima se souvient lorsqu’elle a su qu’enfin elle allait pouvoir avoir un toit. Pour elle et pour son fils de 13 ans, Wael. Lundi soir, cette famille a reçu en main propre les clefs de son nouvel appartemen­t, boulevard FrançoisGr­osso à Nice. Une vie décadenass­ée de plusieurs mois de galère.

Fuir et tout laisser

Le 6 juillet dernier, Hakima et Wael prennent la poudre d’escampette de Rome. Elle ne veut plus rester avec son mari, sans travail ni argent. Après une errance de trois jours à la gare de Nice, dépourvus d’aide, ils décident d’aller à la mosquée de l’Ariane, le jour de l’Aïd. Une fête sacrée qui adoucit leur journée car un homme les accueille chez lui. Mansuétude de courte de durée. Quelques jours plus tard, le magnanime les conduit dans un endroit qu’il connaît à Nice. Ce n’est qu’un squat. Hakima et Wael dorment à même le sol, sans eau ni électricit­é. Un lieu infesté de cafards. « L’endroit était tellement insalubre que Wael a fait une grosse allergie. Il avait des cloques et était boursouflé de partout», raconte cette maman. L’hôpital de San Remo les accepte trois jours, le temps de soigner Wael. Une seule fatalité se présente : La rue ou le squat? Ils décident l’abri.

Une nouvelle vie

Vincenzo, ténor de l’opéra de Monte-Carlo, est aussi bénévole pour l’associatio­n Les Anges gardiens de Monaco. Il alerte la présidente Bruna. Italienne d’origine, cette riche Monégasque aide les gens dans le besoin depuis dix ans. «J’ai vu des photos d’Hakima et son fils qui dormaient par terre, sans eau ni électricit­é. Le petit devait travailler ses cours l’après-midi car le soir il n’y avait plus de lumière. Je ne pouvais pas les laisser comme ça », s’échine Bruna, avec son accent italien prononcé. Comme pour six précédente­s familles, l’associatio­n s’engage à verser un an de loyer. 6 960 euros sont déjà payés à la propriétai­re, qui n’a pas hésité à faire un effort de son côté, en prenant en charge l’eau et l’électricit­é. Les Anges gardiens s’occupent également de meubler la maison. Hier, l’associatio­n a apporté de jolis tableaux pour compléter la décoration. Aujourd’hui à 13 h, Hakima recevra une machine à laver le linge pour que tout soit parfait dans son nouveau petit foyer. En mezzanine, le studio d’une vingtaine de mètres carrés, refait à neuf, est un modeste cocon. « C’est une grande chance pour moi. Je ne peux que leur dire merci », sourit timidement Wael. Il faut voler les mots de la bouche de ce collégien pour savoir que même en ayant cette vie, il est le premier de sa classe. Actuelleme­nt scolarisé au collège RolandGarr­os, ce courageux garçon passe son temps à la bibliothèq­ue à lire des mangas. Un nouveau havre de paix s’offre alors à lui pour continuer à étudier. « Forza, forza », l’encourage avec ferveur Bruna, le poing levé, avant de repartir, la mission accomplie.

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(Photo Jean-François Ottonello) Bruna remet les clefs de l’appartemen­t à Hakima, en présence des membres de l’associatio­n Les Anges gardiens de Monaco.

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