S’offre Sting,
Le trio Ponty, Eastwood et Lagrène, Wayne Shorter, Branford Marsalis et Kurt Elling, Hiromi,
Parce qu’il fallait au moins ça pour renaître… «Ça» , c’est une programmation bluffante, un chapelet de stars et de virtuoses comme on n’en avait plus entendus depuis un bail dans la Pinède-Gould. Certes, ce cru ne fait pas dans l’originalité. La plupart des têtes d’affiche sont de vieilles connaissances pour le public juanais. Mais pour une fois, le festival n’est pas articulé autour d’un grand nom (Sting, Stevie Wonder, Lionel Richie…) et d’une poignée de groupes populaires sur le retour (Earth Wind and Fire, The Temptations…). Il n’y a rien à jeter dans cette constellation quasi parfaite, mêlant les étoiles d’hier, d’avant-hier et de demain, où toutes les facettes du jazz sont représentées. Les aficionados peu fortunés vont avoir du mal à choisir entre Sting, Tom Jones, Buddy Guy ou Jamie Cullum ! Cette profusion, bien sûr, est en partie liée à l’annulation de quatre concerts après l’attentat de Nice, avec des artistes reprogrammés cet été. Elle place la barre très haut pour l’édition . Et, plus encore, pour celle du soixantième anniversaire en . On savait, depuis janvier, que le chanteur américain Gregory Porter, le saxophoniste Archie Shepp et le guitariste irlandais Johnny Gallagher seraient à l’affiche de la 57e édition de Jazz à Juan. La suite du programme, dévoilée hier, est «énorme» et des plus éclectiques. La soirée d’ouverture du 14 juillet, entièrement gratuite, mettra en vedette la nouvelle génération des musiciens français et la voix d’Hugh Coltman. Le lendemain, le jazz descendra dans les rues d’Antibes avec Le Best of du off, sorte de fête du jazz à laquelle participe une centaine de musiciens amateurs. Les choses sérieuses commencent le 16 juillet, avec une belle soirée autour de la guitare. Johnny Gallagher et son Boxtie band distilleront leur country jazz en apéritif. Ils céderont la scène à trois maîtres de l’élégance jazzy: le guitariste manouche Biréli Lagrène, le violoniste Jean-Luc Ponty et le contrebassiste Kyle Eastwood. Ce trio précédera de quelques notes l’immense bluesman Buddy Guy, vénéré par Clapton et créateur – avec BB King et Jimi Hendrix – d’un son inimitable à la Stratocaster. Le lundi 17 juillet, Tom Jones fera danser la pinède sur Sex bomb et titillera la nostalgie sixties avec What’s New Pussycat ou Delilah , juste après le set de Taj Mahal et Keb’Mo, deux musiciens souvent invités au Festival Crossroad d’Eric Clapton et Luke Elliott, révélations américaines parrainées par... Tom Jones.
Quartet magique de Wayne Shorter
Le lendemain, la légende vivante du jazz Wayne Shorter soufflera dans son « sax » ténor avec le pianiste Danilo Perez, le contrebassiste John Patitucci et le batteur Brian Blade. C’est incontestablement l’un des plus beaux quartets du jazz moderne. À ne pas manquer. D’autant qu’il sera suivi d’un concert du chanteur crooner Kurt Elling et Branford Marsalis ( juillet)
Kurt Elling, accompagné du quartet du saxophoniste Branford Marsalis (frère de Wynton !) Autres voix, autre soirée: mercredi 19 juillet, la soul hip-hop de Macy Gray investit l’espace pour la première fois avant le concert Johnny Gallagher ( juillet)
de Gregory Porter. Sting, qui s’était produit à guichets fermés en 2014 avec Ibrahim Maalouf, revient cette année le jeudi 20 juillet avec le jazzman Dominique Miller à la guitare. Il viendra défendre sur scène son douzième album solo (57 and 9 ). En première partie, la fascinante pianiste Hiromi rencontre le harpiste Edmar Castaneda, révélation de Marcus Miller. Le 21 juillet, les amateurs de free-jazz, de blues et d’expériences vont être gâtés. Archie Shepp, autre légende du « sax » avec Wayne Shorter et Sonny Rollins, retrouve la Pinède-Gould qu’il avait enflammée en 1995 lors d’un hommage à John Coltrane. En première partie, Shabaka and the Ancestor, révélation de la scène londonienne, aura égrené son nouveau son «afrofuturiste». Les festivaliers découvriront également, le même soir, le pianiste américain Robert Glasper et son groupe Experiment, connu pour mélanger la nu soul, le hip-hop, et le jazz moderne.
Un challenge ambitieux et un défi à la mesure du festival
La dernière grande soirée du festival (samedi 22 juillet) s’adresse à la jeunesse. La soul woman américaine Kandace Springs, pianiste chanteuse, est déjà présentée dcomme « la petite soeurd’Alicia Keys». Derrière elle, la soeur de Nora Jones, la magnifique Anouschka Shankar, élargira les horizons du public. Deux concerts qui précéderont le show imprévisible du pianiste chanteur britannique, Jamie Cullum, souvent plébiscité par les spectateurs juanais. Pour conclure ces dix journées, le groupe mythique Blind boys of Alabamasera la star de la soirée gratuite oecuménique du dimanche 23 juillet. Au final, sur le papier en tout cas, cette édition 2 017 promet d’être historique. Les soirées du 18 et du 21 juillet (Wayne Shorter et Archie Shepp) proposent un challenge ambitieux et un défi à la mesure d’un grand festival: celui de démontrer que le jazz pur peut encore remplir un théâtre en plein air de 2500 places.