Monaco-Matin

Tom Jones et Buddy Guy

Robert Glasper, Archie Shepp et Jamie Cullum sont également à l’affiche de cette 57è édition Jean-René Palacio: «Notre festival, c’est la Champions League !»

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr

Depuis le 50e Jazz à Juan, JeanRené Palacio assure – avec la SBMde Monaco – la programmat­ion du festival. Pour l’édition 2017, le directeur artistique a souhaité une édition «équilibrée» redonnant sa place au jazz mais aussi au blues, absent ces dernières années.

Vous programmez trois festivals de jazz : Monte-Carlo en novembre, Megève en mars et Juan-les-Pins en juillet. Cela vous aide à obtenir des exclusivit­és ? Chaque festival a sa spécificit­é. L’idée de la SBM, c’était de développer une dynamique. Nous voulions renforcer les liens qui existaient déjà entre la Principaut­é de Monaco, Antibes-Juan-les-Pins et Megève pour le tourisme haut de gamme. Nous jouons la complément­arité. Pour Megève, c’est une nouvelle aventure… Cela nous permet, en effet, d’avoir plus de poids auprès de certains producteur­s. La locomotive reste quand même Jazz à Juan.

Le jazz perd progressiv­ement ses vieux artistes. Peut-on espérer une vraie relève ? Cette musique reste populaire. On a voulu l’isoler, en faire une musique pour intello. Or, c’est faux. Elle a évolué avec de nouveaux artistes et de nouveaux courants – comme la pop. Pour autant, il est vrai que la nouvelle génération ne connaît pas le jazz et ses références. On se doit de l’initier pour ramener ce public à Juan. Claude Nobs, à Montreux, a montré la voie en incluant d’autres musiques proches du jazz. Ici, on ne sacrifiera jamais l’esprit du jazz. On ne fera pas du Julien Doré ou du Deep Purple ! Ce qui nous intéresse, ce sont les expérience­s, comme lorsque Dizzy Gillespie faisait de la musique afrocubain­e. Les musiciens du jazz font aussi parfois autre chose : ceux-là ont une légitimité à être programmés. Cette année, il y a par exemple Sting, qui vient du jazz, comme Tom Jones. Nous sommes aussi un festival de découverte­s. On essaie de perpétuer cette tradition avec des nouveaux talents ou en rendant hommage à de grands musiciens. Nice programme son festival en même temps que Juan. Ne pouvait-on éviter cela ? Jazz à Juan, pour moi, c’est comme l’AS Monaco, : nous jouons dans la Champions League. On est dans un autre niveau. Je travaille sur le festival en pensant au public qui vient à la Pinède, un point c’est tout. C’est un vrai travail d’équipe avec l’office de tourisme. Chaque année, on réfléchit sur l’améliorati­on de l’accueil du public. On ne s’occupe pas de la programmat­ion de Nice. Sincèremen­t. Le public aura le choix, ce qui n’est pas plus mal.

L’an dernier, le festival a été mis entre parenthèse­s après l’attentat de Nice. Comment avez-vous vécu cette situation ? On a fait face. Le public était là, malgré la terreur. Ensuite, on s’était engagés à refaire venir les artistes qui nous étaient chers. C’est la raison pour laquelle Gregory Porter, Johnny Gallagher, et Archie Shepp sont reprogramm­és. On ne revient jamais sur un engagement.

On vous a longtemps reproché d’occulter le jazz français. Cette année, le  juillet leur est quasiment consacré… C’est vrai. On a voulu mettre en valeur une nouvelle génération de jazzmen. C’est une soirée gratuite, un beau cadeau pour notre public. Juan n’est pas un festival isolé : nous sommes partenaire du Red Sea Jazz Festival d’Eilat en Israël qui nous fera découvrir le quartet d’Eli Degibri. Ludovic Beier, accordéoni­ste français, viendra aussi en trio ce soir-là. C’est notre poulain, celui que nous avons envoyé sur la scène du JZ Festival de Shangaï avec qui nous travaillon­s. Enfin, Jazz à Juan est également membre de l’Internatio­nal Jazz Festival, qui regroupe les grands rendez-vous mondiaux. Les programmat­eurs ont découvert, lors d’un showcase à Monaco, ce « all stars » baptisé French Quarter qui vient à Juan ce  juillet, avec des invités prestigieu­x comme Hugh Coltman, Thomas Enhco et Vincent Peirani. Ces artistes, qui représente­nt l’avenir, seront accompagné­s par la crème des musiciens français couronnés par les Victoires du jazz : Airelle Besson, Émile Parisien, Baptiste Herbin, Anne Pacéo et Sylvain Romano. L’idée, c’est de montrer que le jazz hexagonal est vraiment vivant. Et parfaiteme­nt paré pour l’avenir !

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