Monaco-Matin

«Seulement  à  % des épaves ont été retrouvées»

Chercheur de trésors depuis près de quarante ans, Erick Surcouf, descendant du corsaire malouin du même nom, vient d’être l’invité du Monaco Press Club. Entretien

- PROPOS RECUEILLIS PAR JOËLLE DEVIRAS jdeviras@monacomati­n.mc

Le goût de l’aventure se transmettr­ait-il par les gènes? Après Robert Surcouf, célèbre « roi des corsaires» de Saint-Malo sous Napoléon-Ier, son arrière-arrière-arrière-petit-neveu parcourt les mers à la recherche de trésors engloutis. Au Yacht-club de Monaco, Erick Surcouf vient d’être l’invité du Press Club. Un entretien passionnan­t avec celui qui a fait de ses rêves son unique occupation depuis près de quarante ans. Conseiller en archéologi­e sous-marine privée, il a signé des licences de recherche avec sept gouverneme­nts différents, aux Caraïbes, en océan Indien et en mer de Java, et découvert une dizaine d’épaves à trésors (galions espagnols, caraques portugaise­s, navires des compagnies des Indes orientales hollandais­es, anglaises et françaises, navires pirates et jonques chinoises), ainsi que quelques caches terrestres de magots de pirates. Rencontre avec un chercheur de trésors. D’après les archiviste­s,   épaves contenant des trésors sont répertorié­es. Il faut savoir que le destin de presque chaque navire était de finir au fond des mers. Aujourd’hui, on peut considérer que seulement  à  % des épaves ont été retrouvées. Le potentiel est donc énorme. On estime que  % des richesses extraites par l’homme depuis le début de l’humanité sont au fond de la mer. Il y a aussi beaucoup de trésors terrestres, notamment en Amérique du Sud. Dans ce cas, la recherche demande une logistique et des financemen­ts beaucoup plus restreints. Non, je n’ai pas eu l’occasion de plonger dans la baie de Port Louis pour retrouver ce trésor. Peutêtre un jour… Mais j’ai monté deux opérations durant trois ans là-bas. La première est le sauvetage d’un navire hollandais coulé en  où il y avait   pièces de porcelaine ming. La seconde est la découverte d’un navire pirate qui avait coulé en . Je travaille d’abord avec des archiviste­s. Il faut ensuite aller sur place, avoir des financemen­ts et les autorisati­ons des pays dont Erick Surcouf, descendant du célèbre corsaire malouin, cherche depuis quarante ans des trésors engloutis.

dépendent les eaux territoria­les. Il s’agit ensuite de passer un accord avec chaque pays pour prévoir le partage du trésor. Oui, mais maintenant c’est fini. La législatio­n française interdit tout partage avec des sociétés privées. J’ai fait l’expérience. Mais ça remonte à , sous

François Léotard, à l’époque ministre de la Culture, avec lequel j’avais signé un accord. J’avais un navire de  mètres de long avec  personnes à bord. J’ai eu beaucoup d’ennuis et je me suis juré de ne plus rien chercher en France. C’est dommage parce que je connais énormément d’épaves près des côtes de métropole, mais aussi aux Antilles. À cause de cette mauvaise loi, et même si elle partait d’un bon principe, la France est un des pays les plus pillés au monde. Et depuis juillet dernier, une nouvelle législatio­n applique ces mêmes restrictio­ns aux trésors terrestres… Dorénavant, si vous trouvez quelque chose chez vous, ça appartient à l’Etat. Résultat : les gens pillent aussi les trésors terrestres sans vergogne. Les découverte­s sont certes riches en métaux précieux ; mais elles sont riches également en histoire. Chaque expédition est différente et extraordin­aire. On ne peut pas comparer des lingots d’or espagnols trouvés aux Caraïbes dans un galion avec des objets d’un navire de la compagnie des Indes, ou encore des jonques chinoises. Plus d’une dizaine.

Qu’en faites-vous? En général, le pays où a été trouvé le trésor demande  %. La moitié restante est répartie entre mes partenaire­s financiers, mon équipe et mon groupe. Les pièces sont proposées à des musées, aux collection­neurs privés, aux maisons de vente aux enchères et à la vente sur internet. Oui, on trouve parfois quelques dizaines de milliers de porcelaine­s ming et une seule assiette vaut environ   euros.

Qui financent vos opérations ? Des partenaire­s privés. Elle va être un peu particuliè­re. Ce n’est pas une recherche archéologi­que. Je vais partir en Australie pour chercher des gisements d’or. J’ai l’intention de créer un club des gentlemen aventurier­s. Beaucoup de gens me le demandent. Les membres du club auront la possibilit­é de participer au financemen­t de chaque opération.

 ?? (Photo Alberto Colman) ?? Y a-t-il encore beaucoup d’épaves au fond des mers ? Avez-vous tenté de retrouver les caisses remplies d’or que votre aïeul a laissées à l’île Maurice ? Quels sont vos moyens d’investigat­ion ? Avez-vous travaillé avec la France ? Quelle est votre plus...
(Photo Alberto Colman) Y a-t-il encore beaucoup d’épaves au fond des mers ? Avez-vous tenté de retrouver les caisses remplies d’or que votre aïeul a laissées à l’île Maurice ? Quels sont vos moyens d’investigat­ion ? Avez-vous travaillé avec la France ? Quelle est votre plus...

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