Monaco-Matin

Un « Barbier » qui décoiffe

Réjouissan­te mise en scène du célèbre opéra de Rossini « Le Barbier de Séville », sous forme d’un tournage de film. C’est à voir à l’Opéra de Monte-Carlo

- ANDRÉ PEYREGNE

Ce n’est pas dans tous les opéras du monde que l’on voit arriver le personnage de Figaro en scooter sur la scène au début du Barbier de Séville. À Monaco si – du moins dans le spectacle qui se déroule depuis jeudi en la Salle Garnier. En fait de scooter, c’est d’une Vespa qu’il s’agit. Une authentiqu­e Vespa des années cinquante.

Le spectacle, mis en scène par Adriano Sinivia – il avait déjà offert au public monégasque un pétillant Elixir d’amour il y a trois ans – est en tous points réjouissan­t. Il est conçu comme un film en train d’être tourné, avec ses bouts de décor mobiles, ses machiniste­s et ses maquilleur­s intervenan­t sur le plateau, ses éclairagis­tes, cameramen et preneurs de son. Au deuxième acte, on assiste

à une scène de post-synchronis­ation dans laquelle les chanteurs chantent sur leur propre image que l’on voit sur l’écran. On assiste aussi à la fuite en Vespa de Figaro et Almaviva devant un paysage qui défile en image derrière eux, ou encore à une bataille de polochons impliquant tous les acteurs de la pièce. Comme on est dans les années cinquante, en matière de Rossini on est plutôt

steak que tournedos! Tout cela est plein de rythme, de tonus, d’allant, de bonne humeur. Voilà un Barbier qui décoiffe !

« Barbier di qualita »

La distributi­on vocale est belle – sans être exceptionn­elle. A part le Basile de Deyan Vatchkov, les principaux rôles ont des voix puissantes: le Figaro de Mario Cassi, qui a du panache, la Rosine d’Annalisa Stroppa, dont la voix est toute en rondeur, notamment dans les graves, l’Almaviva de Dmitry Korchak, qui a un timbre claironnan­t, mais dont le métal est trop tranchant pour le bel canto rossinien. Bonne performanc­e de Bruno de Simone dans le rôle du Docteur Bartolo. Tous prennent des libertés avec la rigueur solfégique du phrasé rossinien, ce qui ne facilite pas la tâche du chef d’orchestre Corrado Rovaris. Du coup apparaisse­nt des décalages dans les ensembles. Le choeur, composé uniquement d’hommes, apporte son dynamisme. Pour reprendre une formule qui est chantée par Figaro au milieu de l’ouvrage, voici un « Barbier… di qualita » !

Salle Garnier, le 26 mars à 15h, les 28 et 30 mars à 20h. COMPLET

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Le spectacle, mis en scène par Adriano Sinivia, est conçu comme un film en train d’être tourné.
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(Photos Alain Hanel / OPMC)

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