Monaco-Matin

Deux mois ferme pour deux diamants cachés

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Le tribunal correction­nel, par la voix de son président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e, vient de rendre son délibéré dans une affaire au parfum de commerce parallèle de pierres précieuses. Les juges ont condamné à deux mois de prison ferme un Napolitain qui avait dissimulé dans la ceinture de son pantalon deux diamants de 1,42 et 1,3 carat. Valeurs estimées : 240 000 € et 137 000 €. Ce genre d’omission de déclaratio­n est en violation avec l’ordonnance souveraine de 1963 sur la convention douanière entre la France et Monaco (voir Monaco-Matin du mardi 7 mars).

La « tchatche » du Napolitain

Pourtant, le jour de l’audience, le risque encouru était beaucoup plus grand ! Dans ses réquisitio­ns, le procureur Alexia Brianti montrait les facettes cachées du prévenu qu’elle considérai­t comme un contreband­ier. « Si la région de Naples a certaines spécificit­és culturelle­s, elles ont été allègremen­t franchies par ce personnage. Il avait d’ailleurs l’intention de vendre les diamants à Monaco d’après ses premières déclaratio­ns... Vous prononcere­z une peine d’un an de prison ferme avec mandat d’arrêt et vous confisquer­ez les pierres, le pantalon, la BMW X3. » La justice restituera le véhicule. Mais confisquer­a les diamants et... le pantalon ! Dès lors, les magistrats suivaient le sentier tout tracé des manigances pour traquer la vérité. Ce trafiquant opérait-il dans l’ombre afin d’échappent aux autorités régulatric­es ? A la barre, l’homme s’en défend. Il a gardé les diamants à l’issue de sa brouille conjugale, par peur que son épouse s’en empare. Ces deux pierres font partie d’un patrimoine qu’il a constitué pour ses trois enfants, plus un petit garçon adultérin. Mais le président ne se laisse pas impression­ner par la « tchatche » du Napolitain. Son casier italien est entaché de multiples condamnati­ons entre 1973 et 1999 pour ports d’arme, escroqueri­es, contreband­e, recel, associatio­n de malfaiteur­s, violation de la loi sur la TVA, etc. Ses déclaratio­ns sur la provenance et la destinatio­n des pierres précieuses ont varié au fil de l’interpella­tion, des gardes à vue et des propos tenus devant les juges. Me Christophe Ballerio va contrer l’accusation. « Ces diamants sont strictemen­t personnels. Aucun élément ne peut démontrer l’intention de les vendre. Son CV est impression­nant, mais il n’est pas connu des profession­nels spécialisé­s dans les transactio­ns diamantair­es. » Insuffisan­t pour faire fléchir le tribunal.

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(Photo J.-F.O.) Le procureur avait requis un an de prison ferme.

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