Monaco-Matin

Il s’en prend à des passants en criant «Allahu Akbar»

Un étudiant de 22 ans a été interpellé, hier matin à Nice. Il a tenté d’extraire une automobili­ste de sa voiture pour s’en emparer. L’individu qui n’est pas fiché pour radicalisa­tion a été hospitalis­é

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Deux jours après l’attentat à la voiture bélier de Londres et au lendemain de l’arrestatio­n, à Anvers, d’un résident français d’origine tunisienne qui a foncé à travers la foule, dans une rue piétonne, avec des armes dans le coffre de son véhicule, les faits qui se sont déroulés hier matin, à Nice, ont suscité un vif émoi dans le quartier des Musiciens. C’est là, en plein coeur de la capitale azuréenne, qu’un étudiant de 22 ans s’en est pris à tous ceux qui croisaient sa route en hurlant « Allahu Akbar ». L’homme aurait même tenté de dérober la voiture d’une automobili­ste qui n’a dû son salut qu’à l’interventi­on musclée de deux passants. Menotté, non sans mal, par les équipages de police appelés en renfort, l’individu, qui n’est pas connu des services de renseignem­ent, a finalement été hospitalis­é en fin de journée.

« Il était hors de lui »

Un habitant de la rue Verdi a assisté à la scène depuis son balcon. Il raconte: «Ça a commencé vers 7 h 30. Cet individu s’en est d’abord pris à un homme à l’angle de la rue Berlioz. » Une première échauffour­ée au cours de laquelle le malheureux passant se serait pris une gifle. Son agresseur n’en est pas resté là. Loin s’en faut. « Ensuite il s’est mis à remonter la rue Verdi, poursuit ce riverain. Il marchait au milieu de la chaussée. Jusqu’à arriver à hauteur du pressing. Il a alors tenté de pénétrer à l’intérieur.» Michelle est en train de s’occuper de deux clientes. « L’une d’elles m’a dit : “il y a un gars pas très net dans la rue, tu devrais fermer la porte ”, témoigne cette commerçant­e. Le temps que je trouve les clés il était déjà là à essayer d’entrer. Les clientes tenaient la porte. Il tambourina­it dessus en criant. Il était hors de lui. J’ai vu son regard. Il avait la haine. Je me suis vraiment demandée si la porte allait tenir.» Elle résiste. Et l’individu capitule. Il fait demi-tour et traverse à nouveau la chaussée. Au moment où une automobili­ste arrive au volant de sa voiture.

Il se jette sur une automobili­ste

Elle pile pour l’éviter. Et l’homme, toujours hors de lui, se jette alors sur sa portière, l’ouvre en grand et s’engouffre dans l’habitacle. Semble-t-il pour s’emparer des clés du véhicule. Voulait-il le voler? Dans quel but? Évidemment dans le quartier, après l’attentat de Londres, commis selon ce même mode opératoire que celui qui, le 14 juillet, avait endeuillé la promenade des Anglais, ce sont des questions que l’on se pose. Elles restent en suspens. Notamment grâce à l’interventi­on de deux courageux passants. Apparemmen­t des Polonais. En entendant les appels au secours de l’automobili­ste ils se sont précipités et ont réussi à maîtriser le forcené. La police a pris le relais à son arrivée.

Connu de la justice mais pas pour radicalisa­tion

Durant son transfert et jusque dans les geôles du commissari­at l’individu a continué à lancer ses « Allahu Akbar ». Il n’est pourtant pas connu des services de renseignem­ent. Cet Algérien de 22 ans serait arrivé à Nice au début de l’année scolaire. Étudiant en économie, il résidait auparavant à Valencienn­es où il aurait déjà eu maille à partir avec la justice. Mais pour des petits délits de droit commun: défaut d’assurance, vol simple, dégradatio­ns. Rien à voir avec une quelconque entreprise terroriste. L’enquête confiée à la sûreté départemen­tale et notamment la perquisiti­on de sa chambre d’étudiant n’ont d’ailleurs révélé aucun signe de radicalisa­tion. Après s’être calmé, le gardé à vue aurait mis son comporteme­nt sur le compte d’une trop forte absorption d’alcool la veille au soir. À moins qu’il n’y ait une autre explicatio­n : les urgences psychiatri­ques où il a été conduit en fin de journée par les policiers pour expertise médicale ont finalement décidé de le garder. L’individu a finalement été hospitalis­é.

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(DR) L’interpella­tion photograph­iée par un riverain de la rue Verdi.

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