Accusations de Fillon: Hollande contre-attaque
Le chef de l’Etat a vivement répliqué aux propos de l’ex-Premier ministre, également condamnés par les principaux autres candidats
Le climat de la campagne s’est encore envenimé avec les accusations lancées par François Fillon contre un supposé « cabinet noir » à l’Élysée, qui lui a attiré une très vive riposte de François Hollande et la réprobation des autres candidats. « Je ne veux pas rentrer dans le débat électoral, je ne suis pas candidat, mais il y a une dignité, une responsabilité à respecter. Je pense que François Fillon est au-delà maintenant, ou en deçà », a déclaré hier le chef de l’État à l’antenne de FranceInfo et France Bleu. Et de démentir à nouveau, avec humour, l’existence d’un « cabinet noir » à l’Élysée : « Écoutez, il y a un cabinet, heureusement, qui travaille, mais nous n’avons pas à nous mêler des affaires et vous savez ma position, ça a toujours été l’indépendance de la justice, le respect de la présomption d’innocence et ne jamais interférer », a répondu le chef de l’État. Avec une petite pique en prime : « Je crois que c’est très différent de mes prédécesseurs. »
« Aux abois »
Pas de quoi décourager le candidat de la droite et du centre, qui est reparti à la charge hier soir, lors d’un meeting à Biarritz : « La seule façon de sauver la gauche, c’est de tuer Fillon », a-t-il lancé dans un bref discours devant une assistance d’environ 2 000 personnes. De leur côté, les coordinateurs de sa campagne, Bruno Retailleau et Christian Jacob, ont demandé « solennellement à la justice de mener une enquête car le doute ne peut pas subsister sur des accusations aussi graves touchant le sommet de l’État et même le Président de la République ». Mais l’un des auteurs du livre sur lequel dit s’appuyer François Fillon, Didier Hassoux, a démenti les propos de ce dernier et dénoncé une instrumentalisation de son livre par un homme « aux abois » qui « essaie de faire un coup ». Même démenti du ministre des Finances Michel Sapin sur une utilisation politique de Tracfin, le service chargé de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. « Jamais Tracfin ne communique, ni à Christian Eckert [secrétaire d’État au Budget, Ndlr], ni à moi-même, ni à toute autre autorité publique des informations sur la situation des personnes. » Le candidat socialiste Benoît Hamon a pour sa part estimé que François Fillon était « indigne de la fonction présidentielle ». En déplacement à Moscou (lire en pages suivantes), Marine Le Pen, elle aussi inquiétée par une affaire d’emplois supposé fictifs d’assistants parlementaires européens, a indiqué de son côté qu’elle préférait « laisser se bagarrer » François Fillon et François Hollande.
« Soupçon généralisé »
« Il ne faut pas commencer à accuser tout le monde de tout et n’importe quoi, parce que ça s’appelle de la diffamation et du soupçon généralisé », a réagi de son côté Emmanuel Macron, en visite au Salon du livre. Quant à Danielle Simonnet, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, elle a exprimé son «ras-le-bol de ces affaires qui polluent complètement le débat de l’élection présidentielle et qui montrent à quel point notre monarchie présidentielle est pourrie par ces logiques affairistes et de corruption ». Pendant ce temps-là, les juges continuent leur travail. L’ex-suppléant de François Fillon à l’Assemblée, Marc Joulaud, a été à son tour mis en examen hier pour «détournement de fonds publics en lien avec un emploi fictif ou surévalué». L’actuel maire (Les Républicains) de Sablé-surSarthe avait succédé à l’Assemblée à François Fillon, et salarié l’épouse de ce dernier comme assistante parlementaire de 2002 à 2007. 1. Dans L’Emission politique sur France 2, François Fillon avait accusé jeudi soir François Hollande d’organiser, à la tête d’un « cabinet noir », les fuites dans la presse sur ses affaires judiciaires.