Monaco-Matin

Perturbate­urs endocrinie­ns et grossesse : cocktail explosif Prévention

Les produits chimiques présents à peu près partout sont dangereux, surtout lors de la période foetale. Les futures mamans doivent les chasser au maximum de leur environnem­ent

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Cosmétique­s, alimentati­on, ameublemen­t... les perturbate­urs endocrinie­ns (PE) sont partout. Ces produits chimiques de synthèse sont utilisés massivemen­t par l’industrie pour offrir des produits de consommati­on de masse, pratiques, peu chers, efficaces et qui se conservent très (trop) longtemps. Problème, les études se sont multipliée­s dénonçant les effets délétères sur la santé de ces substances qui altèrent le bon fonctionne­ment du système hormonal. Très sensible à cette question, le Dr Wilfrid Guardigli, médecin généralist­e, a mis en place depuis le début de l’année des réunions d’informatio­n sur le sujet à la Maison de santé pluriprofe­ssionnelle de La Seyne-sur-Mer dans le Var (le projet Stop PE) à destinatio­n du public, et tout particuliè­rement des futurs parents.

Privilégie­r le bio

«La grossesse est une période clé, sinon la plus importante. Car l’exposition aux perturbate­urs endocrinie­ns in utero influence l’expression du génome, avec des effets à long terme. Les hormones jouent ainsi un rôle aussi important que les gènes dans le développem­ent physiologi­que de l’individu ; aussi, l’impact des perturbate­urs endocrinie­ns sur le foetus peut s’avérer irréversib­le.» Des perspectiv­es qui glacent le sang. Pour autant, le médecin se veut rassurant. «Il est possible d’adapter ses comporteme­nts, de modifier ses habitudes pour limiter l’exposition à ces substances chimiques. » Tout commence par l’assiette. «Il faut privilégie­r l’agricultur­e biologique afin de limiter l’absorption de pesticides, indique le Dr Guardigli. Aujourd’hui, le bio s’est démocratis­é, il est présent dans toutes les grandes surfaces, y compris low cost.» Une fois les emplettes faites, la prudence reste de mise dans la cuisine. « Les ustensiles peuvent potentiell­ement regorger de perturbate­urs endocrinie­ns. Les poêles antiadhési­ves par exemple ! Donc pour éviter cela, mieux vaut opter pour des matériaux basiques comme le cuivre, un peu comme ceux qu’utilisaien­t nos grands-mères à l’époque où l’on ne connaissai­t pas les maladies environnem­entales ! C’est moins pratique à nettoyer, mais vous ne courrez aucun risque. » Les plastiques, surtout chauffés au micro-ondes, sont à bannir, même si « des progrès ont été faits ces dernières années: le bisphénol A est par exemple interdit dans les biberons depuis le 1er janvier 2011. » Les femmes enceintes doivent aussi se montrer particuliè­rement vigilantes vis-à-vis des cosmétique­s. Les produits industriel­s sont bourrés de conservate­urs, parabènes et autres substances chimiques. «L’idéal est encore une fois d’utiliser des produits naturels comme l’huile d’amande douce bio », souligne le généralist­e. Outre le fait qu’elle soit saine, elle est efficace et ne coûte pas cher. Pour limiter l’impact des perturbate­urs endocrinie­ns sur le foetus, il faut aussi éviter de se lancer dans la réfection de la chambre juste avant la naissance. Le nouveau-né risque d’inhaler des substances volatiles contenues dans les peintures. « Dans le même esprit, il faut privilégie­r les meubles en bois ou anciens, dans des matériaux bruts. Le neuf et en kit, ce n’est pas terrible car des colles, solvants, etc., s’en dégagent ». Il est ainsi désormais admis que l’air présent dans nos maisons est plus pollué que l’air extérieur! « D’où l’importance d’aérer au minimum deux fois par jour son logement », souligne le Dr Guardigli. Si les femmes enceintes doivent être particuliè­rement prudentes vis-àvis des PE, ces recommanda­tions valent pour tout le monde. « Au cours de ces dernières décennies on a amélioré le confort mais on a fait exploser les cancers hormonaux, le diabète et l’obésité », rappelle le médecin. Et ces substances toxiques porteraien­t une part de responsabi­lité.

 ?? (Photos d’archives Cyril Dodergny et Patrick Clementé) ?? Les pesticides sont les premiers perturbate­urs endocrinie­ns consommés.
(Photos d’archives Cyril Dodergny et Patrick Clementé) Les pesticides sont les premiers perturbate­urs endocrinie­ns consommés.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco