Monaco-Matin

Noir, c’est noir

- Le billet de Philippe Bouvard

La polémique entre Fillon et Hollande qui, en d’autres temps, se fut soldé par un duel au petit matin sur un terrain vague, me renvoie à mon enfance. Quand j’avais commis une grosse faute, mes parents me menaçaient du cabinet noir. C’était une petite pièce sans fenêtre, sentant le moisi, appelée ordinairem­ent débarras où comme à l’Élysée, à ce qu’on dit, on entassait le linge sale. Une tradition remontant aux  rois qui ont fait la France et semble se poursuivre avec ceux qui la défont aujourd’hui. Un local peu éclairé où l’on s’affairait à décoller « à la vapeur », avant de les restituer au facteur, les enveloppes recélant des courriers dont le pouvoir souhaitait prendre connaissan­ce. Internet a permis de remplacer la vapeur par l’informatiq­ue, plus rapide et moins humide. Pour les directives, on peut penser qu’elles émanent d’un autre cabinet, mieux meublé, où travaille le chef de l’État. Le débat réside dans l’origine des renseignem­ents ayant déjà gravement nuit à un candidat naguère bien placé et à l’exploitati­on qui en est faite. Pour les renseignem­ents, on peut compter sur la justice et les médias qui n’ont jamais eu autant parties liées. Mais pour la décision, lourde de conséquenc­es, sans doute faut-il remonter jusqu’au sommet. On imagine le président en train d’examiner des feuilles de paie et des photos de mode avant de lâcher ces chiens que Mitterrand avait jadis rendu responsabl­es du suicide Bérégovoy.

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