Noir, c’est noir
La polémique entre Fillon et Hollande qui, en d’autres temps, se fut soldé par un duel au petit matin sur un terrain vague, me renvoie à mon enfance. Quand j’avais commis une grosse faute, mes parents me menaçaient du cabinet noir. C’était une petite pièce sans fenêtre, sentant le moisi, appelée ordinairement débarras où comme à l’Élysée, à ce qu’on dit, on entassait le linge sale. Une tradition remontant aux rois qui ont fait la France et semble se poursuivre avec ceux qui la défont aujourd’hui. Un local peu éclairé où l’on s’affairait à décoller « à la vapeur », avant de les restituer au facteur, les enveloppes recélant des courriers dont le pouvoir souhaitait prendre connaissance. Internet a permis de remplacer la vapeur par l’informatique, plus rapide et moins humide. Pour les directives, on peut penser qu’elles émanent d’un autre cabinet, mieux meublé, où travaille le chef de l’État. Le débat réside dans l’origine des renseignements ayant déjà gravement nuit à un candidat naguère bien placé et à l’exploitation qui en est faite. Pour les renseignements, on peut compter sur la justice et les médias qui n’ont jamais eu autant parties liées. Mais pour la décision, lourde de conséquences, sans doute faut-il remonter jusqu’au sommet. On imagine le président en train d’examiner des feuilles de paie et des photos de mode avant de lâcher ces chiens que Mitterrand avait jadis rendu responsables du suicide Bérégovoy.