Monaco-Matin

Le chef d’orchestre Louis Frémaux est mort

Recruté par Rainier après la guerre, il avait créé l’Orchestre National de l’Opéra de MonteCarlo (futur Philharmon­ique) et les concerts du Palais Princier. Il s’est éteint à l’âge de 95 ans

- ANDRÉ PEYREGNE

Une haute silhouette dressée devant l’orchestre, une chevelure légèrement ondoyante, une baguette autoritair­e, tel était le chef Louis Frémaux, qui dirigea de 1956 à 1965 l’orchestre symphoniqu­e de Monaco. On vient d’apprendre sa mort, survenue la semaine dernière, le 20 mars, à Avaray dans le Loir-et-Cher, à l’âge de 95 ans. Le poste de directeur de l’orchestre de Monaco fut le premier grand poste de sa carrière. Auparavant, en 1940, il avait été enrôlé par les forces d’occupation allemandes dans un camp de travail, dont il s’était échappé pour rejoindre les réseaux de la Résistance. À la Libération, il s’était engagé dans la Légion étrangère pour partir combattre au Vietnam.

Une politique d’enregistre­ments

Revenu en France, il étudia la direction d’orchestre et se fit remarquer en 1954 en dirigeant un concert dédié à la mémoire du directeur du Conservato­ire de Paris, Claude Delvincour­t, disparu dans un accident de la route. C’est alors qu’à l’âge de 34 ans, il fut appelé par le Prince Rainier III, afin de reprendre en mains l’orchestre Le prince Albert II assistait hier après-midi aux obsèques de Bernard Spindler, célébrées en la cathédrale de Monaco par Monseigneu­r Fabrice Gallo. Le chancelier du diocèse et proche du défunt a rappelé l’extraordin­aire goût pour la vie du journalist­e et écrivain ; un homme doté d’une intelligen­ce brillante et d’un humour sans pareil. La cérémonie fut une liturgie de la parole qui a réuni la famille, ses amis, ainsi que ses confrères de Monaco qui était sans directeur depuis la fin de la guerre et auquel le Prince souhaitait redonner un nouvel élan sous le nom d’Orchestre et de nombreux profession­nels de la communicat­ion et des médias qui avaient, unanimemen­t, un profond respect et une immense admiration pour lui. Plus de deux cents personnes ont assisté à ce moment de recueillem­ent pour dire adieu à Bernard, naturalisé monégasque sous le règne du prince Rainier III et une des plus illustres voix de RMC de ce dernier demisiècle. National de l’Opéra de Monte-Carlo. Louis Frémaux s’acquitta de cette tâche, ramenant l’orchestre à un niveau internatio­nal, créant en 1959 les concerts du Palais Princier, réalisant des tournées à l’étranger et lançant une politique d’enregistre­ments de disques pour la prestigieu­se maison d’édition Deutsche Grammophon, ainsi que pour la toute nouvelle maison de disques française Erato. Il réalisa un grand nombre d’enregistre­ments à Monaco, portant essentiell­ement sur la musique symphoniqu­e française (Berlioz, Massenet, Dukas, Debussy, Fauré). Avec, aussi, de mémorables concertos de Chopin dont le soliste était le légendaire pianiste Samson François. Après Monaco, Louis Frémaux a pris la direction en 1969 du tout nouvel Orchestre Philharmon­ique de Lyon, de celui de Birmingham en Angleterre jusqu’en 1979, puis de celui de Sydney en Anstralie. Réécoutons cet enregistre­ment du Requiem de Fauré, qui se trouve dans beaucoup de nos discothèqu­es, qu’il enregistra en 1979 en la cathédrale de Monaco avec, à l’orgue, une autre grande figure musicale de la Principaut­é, le chanoine Henri Carol. Ce sera une belle façon de lui dire adieu…

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(Photo Cyril Dodergny) (Photos DR) Haute silhouette et baguette autoritair­e.

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