Monaco-Matin

Inondation­s de  : le maire mis en examen

Guilaine Debras a été entendue dans le cadre de la procédure judiciaire ouverte après la mort de trois résidants du « Clos Saint-Grégoire », le 3 octobre 2015. Elle ne démissionn­era pas

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Tout le débat peut se résumer à deux questions : la mort de trois retraitées aurait-elle pu être évitée, à Biot, dans la nuit du  au  octobre ? Les autorités ontelles tardé à donner l’alerte ? Les mises en examen qui ont été prononcées, tout comme celles qui vont l’être dans les prochains jours, permettron­t probableme­nt d’y voir plus clair. Il est grand temps ! Dix-sept mois après le drame qui a endeuillé l’ouest de la Côte d’Azur, les blessures restent béantes. Celles des familles de victimes, bien sûr, mais aussi celles des sinistrés qui ont tout perdu. Si quelqu’un a manqué à ses devoirs, il devra être sanctionné. Mais en attendant que la justice se prononce, chacun doit garder en mémoire qu’une mise en examen n’induit pas une présomptio­n de culpabilit­é. Ce n’est pas parce qu’on est accusé que l’on est coupable. Cette « obligation de prudence »–là aussi s’impose à tous. « Homicide involontai­re par violation manifeste et délibérée d’une obligation de prudence » : c’est ce que la justice reproche à Guilaine Debras. C’est ce qui lui vaut une mise en examen dans le cadre de la procédure ouverte à la suite des plaintes déposées après la mort de trois personnes, lors des inondation­s du 3 octobre 2015. Le drame a eu lieu au sein de la maison de retraite privée, Le Clos Saint-Grégoire, où les victimes étaient pensionnai­res. Hier après-midi, « dans un souci de transparen­ce » ,le maire a donné une conférence de presse. Assise derrière son bureau, entourée par de nombreux adjoints, Guilaine Debras a lu un communiqué, sous l’objectif des appareils photos et des caméras : « Je vous informe que j’ai été mise en examen en tant que maire [...] Sur le fond de l’affaire, je ne peux rien dire, conforméme­nt au respect du secret de l’instructio­n. Après de tels événements, cette mise en examen s’inscrit logiquemen­t dans le cadre de la procédure diligentée depuis plusieurs mois. Cette mise en examen s’inscrit dans une enquête large où l’on recherche toutes les responsabi­lités. La justice nous demande de répondre sur les actions qui ont été menées pendant la journée du 3 octobre 2015, les décisions prises en fonction des éléments dont nous disposions. » « Cette nouvelle étape de procédure va nous permettre, à moi-même et à toutes les personnes qui pourraient être entendues sur ce dossier de nous protéger, d’avoir accès au dossier et de nous défendre dans les meilleures conditions, poursuit-elle. Les familles des victimes et tous les Biotois ont le droit à la vérité ». À la question d’une éventuelle démission, Guilaine Debras, élue en mars 2014 après avoir battu JeanPierre Dermit, a répondu sans ambiguïté : « Je n’ai jamais songé à démissionn­er. Absolument pas ».

«Je n’ai rien à me reprocher »

Comment interpréte­r la qualificat­ion « violation manifeste et délibérée» du chef de mise en examen ? « Je n’ai pas d’interpréta­tion particuliè­re. Je ne suis pas juriste ». Cette mise en examen était-elle prévisible ? « Elle ne me surprend pas. Elle est la conséquenc­e de cette catastroph­e. Ce jourlà, j’étais responsabl­e en tant que maire. Mais je n’ai rien à me reprocher et mon avocat, en ayant désormais accès à toutes les pièces du dossier, va pouvoir travailler à le démontrer. Ce qui importe, pour l’instant, est d’établir la vérité. Donner une réponse aux familles ». Le visage marqué mais la voix ferme, Guilaine Debras a mis un terme à la conférence de presse en rappelant qu’elle présiderai­t, comme prévu, le conseil municipal qui se tient aujourd’hui à 14 heures. « Un instant important pour les Biotois. Nous allons voter le budget de la commune pour 2017 ». D’autres personnes sont ou vont être entendues par la justice d’ici vendredi, dont l’adjoint chargé à la sécurité et le responsabl­e de la police municipale, ainsi que la direction du groupe Orpea, propriétai­re de la maison de retraite...

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Guilaine Debras a joué la carte de la transparen­ce, en annonçant elle-même, hier après-midi, sa mise en examen.

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