Monaco-Matin

«On veut savoir pour que ça ne se reproduise jamais»

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Le secret avait été bien gardé. Hier matin, les employés municipaux ont été avertis par Guilaine Debras elle-même de sa mise en examen au cours d’une réunion. Aussitôt sortie, l’informatio­n s’est répandue dans le village et au-delà, au coeur des quartiers touchés par les inondation­s d’octobre 2015. Denis et Sandrine Delaup ont perdu leur grand-mère dans la maison de retraite. Tout le monde se souvient de leur cri de colère après les événements : « Ils ont tué notre

grand-mère ». Ils avaient déposé plainte contre X pour homicide involontai­re. Hier soir, leur déclaratio­n a été

brève : « Cela fait un an et demi que nous n’avions pas de nouvelles, les choses bougent. On attend que la justice fasse son travail ».

Plan de sauvegarde déclenché trop tard ?

Philippe Brion, le boulanger de Biot 3000, installé juste derrière la maison de retraite du drame, n’avait pas hésité à apostrophe­r François Hollande au lendemain du drame. Il a appris la nouvelle avec fatalisme : «On savait qu’il y avait une procédure judiciaire en cours. Moi, je veux savoir d’où est venue la vague qui nous a inondés et s’il y a des responsabi­lités à chercher

de ce côté-là. On en parle encore plus d’un an et demi après». Dans le quartier, Roger Beltramo

est plus radical : « S’il y a mise en examen, c’est qu’il y a quelque chose, sinon le maire aurait bénéficié du statut de témoin assisté. J’ai suivi l’affaire au début et elle n’a jamais voulu dire publiqueme­nt ce qu’elle faisait à 20 heures, pourquoi on n’a pas déclenché le plan communal de sauvegarde plus tôt, comme à Antibes. Je ne cherche à condamner personne, mais on veut savoir surtout pour que ça ne se reproduise plus jamais ». Au hameau de la Brague, les discussion­s vont bon train. Pour Laurent

Lebessou, qui a bénéficié des

fonds Barnier (1), « la responsabi­lité ne peut pas être qu’au niveau du maire. Même s’il y a eu des fautes, les responsabi­lités sont multiples: l’État, la Communauté d’agglomérat­ion, Escota, le Départemen­t… Et que dire de ceux qui nous ont accordé un permis de construire en 1995 ».

« C’est important de connaître la vérité »

Toujours dans le même hameau, Alexandre B. hausse les épaules : « Qu’est-ce que ça va changer pour nous ? On est toujours en zone rouge et ma maison vaut toujours la moitié

de sa valeur. Moi, j’attends davantage du fonds Barnier que de la justice ».

Àl’ O Vice, l’un des gérants se demande pourquoi le maire est mis en cause. « Ce n’est pas sa faute ce qui est arrivé, on ne peut rien faire contre les orages. On s’attend à ce que ça revienne un jour». Colette Caffé, qui est restée deux heures accrochée à son portail ce 3 octobre 2015, conclut : « C’est important de connaître la vérité et notamment de savoir pourquoi l’alerte a tardé. On doit bien ça aux victimes de la maison de retraite et à leurs familles ».

1. Il s’agit d’un fonds de prévention des risques naturels.

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