Monaco-Matin

L’arrêt de mort du PS

- Par MICHÈLE COTTA

« Si Macron gagne, pas question que Valls retrouve un poste ministérie­l. »

En annonçant simplement, hier matin, qu’il voterait dès le premier tour de l’élection présidenti­elle pour Emmanuel Macron, Manuel Valls a précipité l’explosion ou l‘implosion , comme on voudra, du Parti socialiste. Et il a pris de sérieux risques. Le premier a été, comme attendu, la réaction du camp de Benoît Hamon. Une série de noms d’oiseaux ont fusé dans les rangs socialiste­s pour qualifier son geste. « Homme sans honneur » a twitté Arnaud Montebourg, tandis que Martine Aubry, dont on sait qu’elle ne porte ni l’ancien Premier ministre ni l’actuel candidat d’En marche dans son coeur, tranchait : « C’est écoeurant. » Il est vrai qu’en annonçant son vote, même si, at-il précisé, il ne s’agit pas d’un ralliement, Manuel Valls a, en effet, largué ses amarres et signé l’arrêt de mort du PS. Un parti dont il a toujours dit qu’il contenait en son sein deux gauches irréconcil­iables, un parti qui lui a préféré Benoît Hamon lors de sa primaire de janvier dernier, un parti qui n’a pas été capable de lui donner une majorité sûre pendant tout le temps qu’il était à Matignon. En refusant de respecter la discipline du parti, Manuel Valls, en effet, renie l’engagement pris, lorsqu’il pensait pouvoir gagner la primaire, de soutenir le vainqueur. Mais la discipline peut-elle vraiment dicter une conduite politique ? Manuel Valls est homme de conviction­s, dont il n’a jamais fait mystère, incompatib­les avec celles de l’actuel candidat socialiste. Entre le respect de la discipline, et celui de ses idées, l’ancien Premier ministre a choisi les idées. Il en paiera certaineme­nt le prix. Son parti aussi. Le deuxième risque pris par Manuel Valls est plus grand encore : il se savait non désiré par Emmanuel Macron. C’est peu de dire que ces deux-là ne se sont jamais aimés. La rivalité entre les deux hommes a, en effet, empoisonné la vie gouverneme­ntale jusqu’à ce que Macron choisisse de prendre le large. Comme attendu, à peine Manuel Valls avait-il annoncé sa décision, qu’Emmanuel Macron, qui l’a remercié du bout des lèvres, a prévenu : le patron d’En marche ! se veut le « garant du renouvelle­ment des visages, du renouvelle­ment des pratiques ». Autrement dit, si Macron gagne, pas question que Valls retrouve un poste ministérie­l. Tout juste s’il ne complique pas en réalité la tâche de celui que sa position centrale oblige à respecter un équilibre fragile entre la gauche et à droite. Pour éviter, ce qu’il redoute au plus haut point, d’apparaître comme l’héritier de François Hollande, Macron se serait bien passé, dit-on, de l’ancien Premier ministre. Chacun sa voie. Manuel Valls veut, par son choix, prendre le meilleur chemin pour barrer la route à Marine Le Pen. Pas seulement : il faudra bien – à condition, bien sûr, que Macron soit élu, ce qui n’est pas fait – qu’il dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale. Un petit groupe de députés « progressis­tes » autour de Manuel Valls peut toujours être utile.

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