À Fréjus, les lycéens donnent de la voix !
Le 23 avril prochain, tous glisseront dans l’urne leur premier bulletin de vote. Mais en attendant, les lycéens d’Albert-Camus, à Fréjus, analysent cette campagne avec recul et scepticisme
Ils se prénomment Thomas, Deborah, Julia, Gauthier, Coralie, Sheyma, Sarah, Stephan, Noémie et Julie. Tous ont dix-huit ans. Une carte d’électeur entre les mains… Et un avis bien tranché sur la politique d’aujourd’hui. Conscients du devoir qui les attend, à moins d’un mois de l’échéance présidentielle, ces lycéens nous confient leurs doutes et leurs attentes, quitte à parfois pousser quelques coups de gueule…
Les candidats à la présidentielle? Ils passent plus de temps à se contrer les uns les autres qu’à parler de ce qu’ils comptent faire. Du coup, difficile de choisir. Mais il va bien falloir voter… par défaut ! » Après un haussement d’épaules, Julia termine son propos, aussitôt tempéré par l’un de ses camarades. «Ça dépend, certains ont de bonnes idées, lance Thomas. Par exemple, le revenu universel de Benoît Hamon ou encore la VIe République de Jean-Luc Mélenchon. Après, tout cela est-il réellement applicable?» Le lycéen s’interroge. Et pendant ce temps, autour de la
table, Sheyma soulève une autre question: «Vous ne trouvez pas bizarre que, depuis tout à l’heure, nous ne parlions que de cinq candidats, alors qu’il y en a onze ? » «C’est vrai! relève Déborah. Les médias valorisent davantage ces cinq-là parce qu’ils sont connus. Donc les gens ont tendance à se focaliser sur eux, en oubliant les six autres. » «C’est dommage», intervient Thomas, qui y voit clairement « un manque d’impartialité». Face à lui, Sarah acquiesce d’un signe de tête, et se veut encore plus formelle: « De toute façon, nous sommes influencés sur tout ! »
« Il n’y a qu’à voir les affaires qui sortent en ce moment, renchérit Stephan. Pile avant l’élection, comme par hasard. Tout cela me fait penser à Dominique Strauss-Kahn, favori dans les sondages avant que le scandale n’éclate. » «Et ce n’est pas tout, insiste Gauthier. Ces affaires peuvent avoir un effet désincitatif chez les jeunes qui ne s’intéressent pas forcément à la politique. Les décourager au point qu’ils n’iront peut-être pas voter. » Et les sondages dans tout ça,
ont-ils de l’importance ? La réponse du groupe est sans appel. C’est «non!» «Un coup c’est l’un qui est donné en tête, un coup c’est l’autre, se désole Déborah. Donc ce n’est pas fiable. » Cela étant, sur le résultat du premier tour, chacun a tout de même sa petite idée… et une certitude : « La candidate FN ne passera pas. » «Ses propos, notamment sur la religion, vont à l’encontre des libertés individuelles de chacun, poursuit Thomas. Ça ne fait que susciter la haine, et nous détourne des vrais problèmes. » Par exemple ? « Le chômage ! Six millions de chômeurs aujourd’hui… Ça peut nous arriver
à nous aussi ! » Mais aussi l’éducation… «Aujourd’hui, il est plus important d’avoir une bonne note que d’avoir retenu la leçon! Et puis, parfois, il arrive que certains professeurs baissent les bras. Peut-être que la pédagogie devrait être davantage théorisée lors des concours d’enseignants… » Enfin, l’écologie « dont on ne parle pas assez dans cette campagne, et qui est une vraie priorité ». Mais pour l’heure, celle des lycéens sera bel et bien de se rendre aux urnes car, malgré leurs doutes, tous ont une conviction : «L’important est de faire entendre notre voix!»