Prisons : le nombre de détenus atteint un nouveau record
Avec 69 430 personnes incarcérées, le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint un nouveau record au 1er mars, en pleine campagne présidentielle où la question pénitentiaire n’est souvent abordée que par le biais de la construction de nouveaux établissements. Le précédent record remontait au 1er juillet 2016 quand 69 375 détenus avaient été comptabilisés. Le nouveau chiffre, annoncé sur le site du ministère de la Justice, se traduit par une augmentation de la surpopulation pénale puisqu’au 1er mars, la capacité des établissements pénitentiaires pour accueillir ces détenus n’était que de 58 664 places opérationnelles. Parmi les détenus, 1 822 étaient installés directement sur des matelas au sol. Ce record intervient en pleine campagne présidentielle. A droite, François Fillon a proposé la création de 16 000 places de prison supplémentaires mais dans le même temps il a annoncé des mesures qui vont mécaniquement accroître la population pénale, comme le rétablissement des peines planchers ou la suppression de la contrainte pénale.
« La cocotte-minute va exploser »
Marine Le Pen prône la construction de 40 000 places de prison supplémentaires et l’abrogation de la réforme pénale de Christiane Taubira. Emmanuel Macron a lui fixé la jauge des places à construire à 15 000 mais entend parallèlement supprimer les aménagements automatiques de peines inférieures à deux ans et rendre exécutoires les décisions des premiers juges pour que l’appel ne soit pas « un prétexte à délais », deux mesures inflationnistes pour la population pénale. A l’inverse, le socialiste Benoît Hamon propose, dans la continuité des lois Taubira, de « sortir de la culture de la détention ». A Villepinte (Seine-Saint-Denis), la surpopulation carcérale a déjà atteint un seuil critique. « On arrive quasiment à 200 %, on a explosé tous les records », a dénoncé Philippe Kuhn, délégué régional du syndicat SPS surveillants nongradés. « Je crains [...] qu’à force d’entasser des détenus dans des cellules, il se passe un évènement tragique, qu’un détenu se fasse zigouiller dans la nuit, une prise d’otage... c’est hallucinant », prévient-il. Et d’évoquer des détenus qui dorment par terre « comme des chiens », qui se « marchent sur la tête ». « Les personnels sont à bout [...] la cocotte-minute va exploser. »