Monaco-Matin

« Une fiction doit faire réagir les gens »

Téléfilm Marie Kremer est au générique d’À la dérive ,un drame sociétal inédit, diffusé ce soir sur France 3

- PROPOS RECUEILLIS PAR JULIA BAUDIN

D ans À la dérive, Marie Kremer, la petite Lucienne d’« Un village français » campe Audrey, ouvrière, femme d’ouvrier et mère de famille, dont la vie dérape après la fermeture de l’usine. Elle évoque son personnage et l’importance des fictions sociétales.

Audrey estil un personnage important pour vous ?

Il s’agissait pour moi – du moins c’est comme cela que je voyais Audrey – de rester en vie, de continuer à aimer, et de ne tomber ni dans le fatalisme ni dans le stéréotype de l’ouvrière au chômage du nord de la France, quelles que soient les circonstan­ces. C’est un beau challenge, dans une chronique sociale dont le sujet est aussi important. En quoi l’estil ?

J’ai tendance à trouver que le cinéma et la télévision ne parlent pas assez bien de la société dans laquelle nous vivons, nous, alors même que l’on parle si bien d’ailleurs. À la

dérive s’attache au monde ouvrier qui représente encore une grosse partie de la population, du chômage et de la montée de l’extrême droite, trois sujets très contempora­ins et très proches de ce qui se passe en France, en Europe. C’est important pour moi, notamment dans mes choix.

À ce titre, À la dérive vatil assez loin dans la peinture sociale ?

On pourrait toujours aller plus loin. Dénoncer, dire les choses, telles qu’elles sont, crues, âpres, désespéran­tes parfois. Le malheur, c’est qu’on évolue dans un monde dominé par la parole alors même que l’on ne peut plus rien exprimer sans être épinglé. C’est très paradoxal.

Et quid de la décision de France 3 de la diffuser quelques jours avant le premier tour des élections ?

La fiction, ce que j’appelle, entre guillemets, la « nonréalité », a selon moi pour objet de faire réagir les gens, poser des questions, soulever des débats. C’est primordial. C’est le rôle de l’art, qu’il s’agisse de peinture, de littératur­e, de photograph­ie ou de cinéma. Alors, oui, c’est une très bonne idée.

La suite, pour vous, c’est quoi ?

Je réalise mon premier film, un court métrage pour les Talents Adami Cannes, dans lequel je mets en scène plusieurs jeunes comédiens prometteur­s. Je suis à la fois très excitée et terribleme­nt impression­née. Je commence, moi aussi, à avoir des choses à dire…

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