Monaco-Matin

Julie Depardieu b(r)ouillon de culture(s)

L’actrice est la marraine et la présidente du jury du Festival des jardins de la Côte d’Azur, qui se tient du 1er avril au 1er mai. Un rôle qu’elle prend à coeur. Rencontre.

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr 1. Festival des Jardins, du 1er avril au 1er mai. Antibes, Cannes, Grasse, Menton, Nice.

Elle a commencé sa vie comme un trèfle à quatre feuilles. Son père était en plein tournage des Valseuses de Bertrand Blier. Un film, pas franchemen­t la fine fleur des petits pois... C’était en juin 1973. Le 18. Bébé Julie pointe le bout de son nez. Et papa Depardieu dira, alors, qu’elle est son « petit porte-bonheur ».

Quarante-trois ans plus tard, le bouton-d’or s’est émancipé du baobab géniteur. Julie, la femme, sème ses graines au théâtre, au cinéma. Engrange les récompense­s. Trace son sillon, sans engrais filial. Julie Depardieu, c’est du bio, loin de la multinatio­nale paternelle. Avec quelques accidents de récolte, malheureus­ement. La disparitio­n de sa bouture, Guillaume, le frère cadet. Cette plante qui a tellement été toujours difficile à faire grandir, à ancrer dans la terre. Guillaume, à jamais dans son jardin secret.

Bouquet de bonne humeur

Teint de lys, joues roses, Julie Depardieu est folle. Il faut le savoir. Mais attention, de ces folies qui rafraîchis­sent, qui énergisent. Et qui font un bien fou. Lorsqu’elle ouvre la bouche pour répondre à une interview, c’est un bouquet de bonne humeur qui vous saute à la figure. L’artiste pollinise la joie autour d’elle. Avec un débit de tuyau d’arrosage ouvert à fond de ballon. Pendant un mois, la comédienne aux deux césars pour le même rôle (meilleur espoir et meilleur second rôle féminin dans La Petite Lili de Claude Miller) sera la marraine du Festival des jardins de la Côte d’Azur, organisé par le conseil départemen­tal des Alpes-Maritimes. Un événement qui essaimera ses jardins de Cannes à Menton. De ceux que Julie arbore presque tout le temps sur ses robes qui explosent de couleurs.

Bavarde comme une pie

Alors, contre toute attente, Julie Depardieu est bavarde comme une pie. « Le Festival des jardins ? Si vous saviez comme j’adore, comme je suis contente, comme je suis fière d’en être la marraine ». C’est drôle, on la croit.

« C’est juste génial », bourdonne-telle, avec la ferveur de l’abeille qui butine. La fille des champs taille 36 fait binette arrière : « Mais attention, je ne prétends rien. J’habite dans le nord, enfin à Paris, mais c’est le nord. Il fait gris, et les jardins forcément à côté de chez moi, ce n’est pas ça. Mais, la Côte d’Azur, ça me fait rêver. C’est l’endroit idéal, le climat idéal, un vrai cocon. C’est la lumière, le soleil. Des paysages, des vues de dingue ».

Après le covoiturag­e, le cojardinag­e

Cette expérience de muse pour le Festival lui a permis, déjà, de rencontrer, des gens... « extraordin­aires ». Et ce n’est pas fini. Elle n’en est qu’au début de sa récolte. « J’ai hâte. Les gens qui cultivent leur jardin sont calmes, lumineux. Ça leur apporte tellement de bien-être. Un jardin, c’est de l’échange, du bonheur, de l’espoir ». La comédienne respire à pleins

poumons : « Je dis que comme le covoiturag­e, les gens devraient tous faire du cojardinag­e. Avoir un jardin, ça devrait être nécessaire ».

Puis s’esclaffe : « Un peu comme se brosser les dents ».

On sourit. Elle rit encore. Julie, insolite. Improbable. Fantasque. Aussi fascinante et déroutante qu’un Fabrice Luchini qui parlerait de clé de douze. Sauf qu’elle est touchante, en plus. Décalée, Julie ? Un peu. Mais c’est bien. D’autant qu’elle s’y connaît vraiment en jardin. Dans son petit bout de vert à elle, en région parisienne, elle plante et regarde pousser du raisin, des fraises, des framboises, des tomates. « J’ai même fait des haricots verts », rigole-t-elle. Son mentor vert ? Yolande Moreau. Pas chienne, l’icône des Deschiens lui prodigue des conseils pour faire vivre son mini-paradis. « Yolande est trop forte, on se fait des conférence­s téléphoniq­ues, elle s’y connaît super bien en permacultu­re, elle a lu plein de choses. Elle me file des boutures ».

La tolérance le vivre ensemble

On tente, bien sûr, de creuser plus profond. Un jardin ? L’allégorie de la tolérance. Enfin, c’est ce qu’on

a compris. « Il y a des grimpants, des parterres, des arbres, des fleurs, des mauvaises herbes et tout ça vit ensemble super bien », chantonne Julie. Et contrairem­ent à l’être humain,

« avec un jardin, tu peux faire des erreurs, il te pardonne ».

Puis, elle devient militante. « Bien sûr, il faut revenir au naturel. Ça fait 100 ans qu’on empoisonne la Terre. Il faut faire machine arrière et se faire pardonner ».

Elle cultive, aussi le jardin familial

Entre deux arrosages de plans de tomates, l’artiste cultive aussi le jardin familial. Sa moitié doux-dingue, Philippe Katerine, et ses deux boutd’choux qu’elle arrose avec amour, qu’elle éduque à la générosité. Elle le sait, on ne récolte que ce que l’on s’aime... Du coup, elle est décidée. Elle va aimer, d’ailleurs elle aime déjà ce festival. Julie Depardieu, bouillon de culture, brouillon de cultures, va répandre du 1er avril au 1er mai dans tout le départemen­t, ses petites graines de plaisir fou, matinées d’écolo-conscience. « J’ai hâte que ça commence ».

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(Photo Fernandes/Boutria) Julie Depardieu a hâte de découvrir les créations des dix jardiniers paysagiste­s, qui vont concourir sur la thématique de l’éveil des sens dans le festival in.

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